Une grande majorité des citoyens déclarent que leur région a connu de sécheresses (73%) et d'inondations (62%) plus intenses au cours de la dernière décennie.
Key findings
- Une grande majorité de Nigériens déclarent que leur région a connu de sécheresses (73%) et d'inondations (62%) plus intenses au cours de la dernière décennie.
- La majorité (58%) des citoyens disent avoir entendu parler des changements climatiques. o La notion des changements climatiques est moins connue chez les femmes que chez les hommes (52% contre 63%) et chez les personnes qui n'ont pas été scolarisées par rapport à leurs concitoyens plus instruits (54% contre 64% 65%).
- Parmi les Nigériens qui sont informés des changements climatiques : o Plus de trois quarts (78%) disent que ce phénomène rend la vie plus difficile au Niger. o Environ huit personnes sur 10 pensent que les citoyens ordinaires peuvent contribuer à freiner les changements climatiques (78%) et que le gouvernement devrait prendre des mesures immédiates pour les limiter, même si cela a des conséquences économiques négatives (82%). o Sept personnes sur 10 (71%) pensent que le gouvernement est le premier responsable de la lutte contre les changements climatiques, tandis qu'un cinquième (20%) pensent que cette responsabilité incombe aux citoyens. o Seules d'infimes minorités disent que le gouvernement (6%), les entreprises et industries (7%), les pays développés (9%) et les Nigériens ordinaires (16%) font assez pour combattre les changements climatiques.
S'étendant du désert du Sahara aux savanes semi-arides, dans l'une des régions les plus chaudes du monde, le Niger est durement touché par les changements climatiques. Les catastrophes de plus en plus fréquentes, telles que les inondations et les sécheresses, contribuent à l'insécurité alimentaire chronique (Banque Mondiale, 2021a). Les agriculteurs nigériens sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques. Plus de 80% de la population du pays dépend de l'agriculture, et les changements météorologiques imprévisibles affectent tant la plantation que la récolte des cultures (Banque Mondiale, 2021b).
Le gouvernement nigérien considère les changements climatiques comme un problème de sécurité important, car ils exacerbent les défis environnementaux existants (Kalilou, 2023). Par exemple, les agriculteurs et les éleveurs se retrouvent souvent en conflit en raison des migrations forcées et des violations involontaires des frontières dues à la perte de terres due aux changements climatiques. Cette tension permanente a attiré l'attention de la communauté internationale et des organisations telles que l'USAID et Oxfam qui interviennent activement pour résoudre le problème (Climate Diplomacy, n.d.).
Le gouvernement fait des efforts pour s'attaquer aux causes et aux effets des changements climatiques. Il fait face aux menaces climatiques dans son Plan National pour l'Environnement pour le Développement Durable, un cadre juridique pour la gestion de l'environnement, sa Stratégie de Développement Economique et Social et des stratégies de réduction des risques telles que des capacités renforcées d'alerte précoce pour les catastrophes climatiques, entre autres mesures (République du Niger, 1998 ; Banque Mondiale, 2023 ; CREWS, 2020).
Dans le cadre de l'Accord de Paris de 2015, le gouvernement nigérien s'est engagé à réduire les émissions de gaz à effet de serre, l'un des principaux moteurs des changements climatiques, de 11,2 % d'ici à 2025 et de 10,6 % supplémentaires avant 2030 (Programme des Nations Unies pour le Développement, 2024). Dans le cadre de divers projets menés entre 2012 et 2021, le gouvernement a fourni à des milliers de petits exploitants agricoles des semences résistantes à la sécheresse, des engrais et un accompagnement pour améliorer leurs techniques agricoles et renforcer leur résilience face à une plus grande variabilité du climat. La Banque Mondiale (2021b) rapporte que certains agriculteurs ont ainsi pu accroître le rendement de leurs cultures.
Cette dépêche rend compte d'un module d'enquête spécial inclus dans l'enquête Afrobarometer du Round 9 (2022) visant à explorer les expériences et les perceptions des Nigériens quant aux changements climatiques.
Les données révèlent qu'une grande majorité de Nigériens font état d'une aggravation des inondations et des sécheresses dans leurs régions au cours de la dernière décennie.
La majorité des citoyens sont informés des changements climatiques. Plus de trois quarts des répondants affirment que les changements climatiques aggravent les conditions de vie et la plupart d'entre eux estiment que le gouvernement, les citoyens, les pays développés et le secteur privé doivent en faire plus pour limiter les effets des changements climatiques.
Obaloluwa Ayooluwa Aka Obaloluwa Ayooluwa Aka is a PhD student in the Department of Political Science at the University of Kentucky.