Les dernières élections municipales et communales ont bousculé l'émergence de nouvelles figures de l'opposition, prêtes à défier le régime en place et à revendiquer un « changement ».
Parmi les nouvelles figures, Tojo Ravalomanana, fils de l'ancien président Marc Ravalomanana, a été présenté par le parti Tiako i Madagasikara (TIM) lors des récentes élections municipales à Antananarivo. Mais entre le père et le fils, la différence semble être monumentale, à part l'âge. Tojo Ravalomanana, qui pourrait incarner la relève de l'ancien président, se distingue par un ton plus modéré et un style politique différent de celui de son charismatique père. Contrairement à Marc Ravalomanana, qui a dirigé le pays de 2002 à 2009 avant de devenir un opposant majeur, son fils préfère adopter une approche tactique pour critiquer le régime actuel, évitant la virulence. La nomination de Tojo Ravalomanana comme porte-étendard du TIM a suscité des réactions variées, provoquant moins d'agitation au sein de son parti que parmi les alliés du TIM. Son ascension a été soutenue par l'ensemble de l'état-major des partis de l'opposition, formant ainsi un front uni derrière le clan Ravalomanana.
Percée
Antoine Rajerison s'impose également comme une figure montante de l'opposition politique. Discret mais stratège, ce nouveau député d'Arivonimamo est en train de redessiner le paysage politique à travers son association, Fivoi. Lors des élections législatives, Fivoi a créé la surprise en remportant quatre sièges à l'Assemblée nationale. Une performance inattendue qui a ébranlé les certitudes des grands partis politiques. Parmi ces sièges, deux ont été raflés à Arivonimamo, un à Manjakandriana et un autre à Ankazobe, confirmant la capacité d'Antoine Rajerison à mobiliser au-delà de sa circonscription. Sa stratégie gagnante ne s'est pas limitée aux élections législatives.
Lors des récentes élections communales, les résultats provisoires publiés par la Commission électorale mettent en lumière une autre prouesse de Fivoi. Les candidats soutenus par Antoine Rajerison ont pris la tête dans près de 50 communes rurales, consolidant la présence de l'association sur le terrain. Cette performance propulse Fivoi dans le trio de tête des formations politiques ayant remporté le plus de maires à l'issue des élections du 11 décembre dernier, devant le TIM et derrière l'IRMAR. Une percée qui révèle non seulement l'efficacité organisationnelle de Fivoi, mais aussi la capacité d'Antoine Rajerison à capter les attentes des électeurs dans des zones souvent négligées par les grandes formations politiques.
Trahison
Un autre acteur est Tahiana Razafinjoelina, entrepreneur et fondateur du parti Tia Tanindrazana, qui s'est lancé dans la course à la mairie d'Antananarivo. Bien qu'il ait tenté de capitaliser sur l'électorat de Marc Ravalomanana, il a finalement échoué, se classant derrière Tojo Ravalomanana dans les résultats provisoires de la commission électorale. Accusé de trahison par ses anciens camarades de manière à le mettre dans une circonstance qui pourrait handicaper son élan, Tahiana Razafinjoelina refuse de se laisser abattre et maintient sa présence sur la scène politique, déterminé à poursuivre son combat. En tout cas, le fondateur du parti Tia Tanindrazana, et ancien partisan de Marc Ravalomanana, ne compte pas abandonner si tôt l'arène après sa défaite cuisante à l'issue des élections du 11 décembre dernier.
PAN
Christine Razanamahasoa, ancienne présidente de l'Assemblée nationale, fait également son retour sur la scène politique. L'ancienne présidente de l'Assemblée nationale est réapparue dans le cadre des dernières élections communales et municipales. Elle a dénoncé les irrégularités dans l'organisation de ces consultations et a été particulièrement virulente en évoquant des « coups bas » visant des personnalités de l'opposition dans le cadre des élections municipales et communales. Elle a été « empêchée » de se présenter à Fianarantsoa, une situation qui selon elle, découle d'une « manigance orchestrée » contre elle. Ancienne alliée du président en place, Christine Razanamahasoa est en passe de devenir une figure emblématique de l'opposition depuis les élections présidentielles de l'année dernière. Elle distille ses apparitions publiques mais continue de consulter dans les coulisses. Cette magistrate de carrière ne semble pas prête à prendre sa retraite politique.