Selon Thierno Thioune l'option d'endogénéisation des ressources du budget 2025 par l'augmentation des recettes fiscales (de 3 620 milliards en 2024 à 4 795 en 2025) avec à la clé l'élargissement de l'assisté fiscale des ménages et le renforcement des sociétés qui paient l'impôt sur les revenus est un « couteau à double tranchant ». Invité de l'émission objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 22 décembre, le directeur du Centre de recherche économique appliquée (CREA) de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) a pointé les limites de la structure économique sénégalaise qui selon lui, est « macro céphalique informelle ou l'informalité pour l'essentiel est pourvoyeur d'emploi, mais ne contribue pas assez ».
La stratégie du régime en place d'endogénéiser les ressources du budget 2025 par l'augmentation des recettes fiscales avec à la clé l'élargissement de l'assiette fiscale des ménages et le renforcement des sociétés qui paient l'impôt sur les revenus ne rassure pas le directeur du Centre de recherche économique appliquée (CREA) de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Invité de l'émission Objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 22 décembre, Thierno Thioune a tenu à alerter sur les risques de cette stratégie marquée par l'augmentation des recettes fiscales qui passent ainsi de 3 620 milliards en 2024 à 4 795 en 2025. Qualifiant cette démarche des nouvelles autorités de « couteau à double tranchant », Thierno Thioune a évoqué « la structure économique sénégalaise » qui selon lui est « macrocéphalique informelle où l'informalité pour l'essentiel est pourvoyeur d'emploi, mais ne contribue pas assez ».
Sous ce rapport, l'invité de notre confrère Baye Oumar Gueye fait remarquer qu'« il faut faire attention pour que cette pression fiscale qui atteint aujourd'hui 19 quelques % soit maîtrisée pour ne pas également tuer ». « C'est véritablement un défi énorme compte tenu de nos rapports culturels et cultuels avec l'impôt. Donc, il est important sur ce plan-là, de voir, aujourd'hui, que cette stratégie est un défi majeur compte tenu des enjeux énormes. L'impôt est relié à l'activité économique. Il faut que l'activité économique soit dense, prospère pour que l'État puisse avoir des ressources qui sont générées à partir des impôts tirés de ces activités. Ce qui requiert beaucoup de pédagogie en la matière » a-t-il souligné.
Poursuivant ainsi son analyse, le directeur du Centre de recherche économique appliquée de préconiser aux nouvelles autorités, au-delà du secteur informel, d'explorer également le potentiel fiscal estimé par une étude de l'Agence nationale de la statistique et de la démographique (Ansd) à plus de 26% en se tournant vers les unités de production recensées par cette étude et qui n'existent pas dans les registres de l'administration fiscale.
« Aujourd'hui, l'ANSD a pu recenser plus de 500 000 unités de production dans le pays. Alors que moins de 100 000 existent dans les registres de l'administration fiscale. Donc, il faut aller voir où piocher dans les 400 000 autres unités de production pour pouvoir augmenter. Et ce, en faisant usage d'une panoplie de mesures comme cela se fait dans tous les pays qui ont des niveaux de mobilisation des recettes », a-t-il souligné en précisant que cette éducation fiscale doit être soutenue par une bonne politique de gestion des ressources publiques.
Ceci pour dit-il, « que le citoyen qui a cette propension élevée à payer l'impôt puisse sentir véritablement les répercussions de ces ressources en termes de niveau de qualité de service public beaucoup plus élevé ». Citant le cas de la France, il a indiqué que, « malgré son niveau d'endettement, elle ne cesse d'être un pays où la pression fiscale ou le matraquage fiscal est réel.
Plus 170 000 fonctionnaires se partagent 1430 milliards des 6347 milliards de recettes
Par ailleurs, en plus de cette démarche, le directeur du Centre de recherche économique appliquée (CREA) de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) suggère également une politique de réduction des dépenses de l'Etat au niveau central. Car, selon lui, c'est un paradoxe, que sur les 6347 milliards de recettes destinées aux dépenses, les dépenses de personnel soient estimées à plus de 1430 milliards pour un pays qui ne compte que 170 000 fonctionnaires.
« Le Sénégal est une économie sous smicardisée. Autrement dit, une économie où peu de citoyens touchent le smic, où ceux qui travaillent même sont en dessous du smic. Cela veut dire qu'aujourd'hui, il est assez paradoxe assez impensé que le niveau de dépenses en matière, en tout cas de masse salariale de ce niveau soit quand même énorme ».