La République démocratique du Congo (RDC) accuse la multinationale Apple d'utiliser des minerais pillées dans l'est du pays par le M23, un groupe rebelle soutenu par le Rwanda. Apple dément les accusations.
Kinshasa a déposé des plaintes pénales contre Apple France, Apple Retail France et Apple Retail Belgium pour recel, crimes de guerre, bien volés, blanchiment de minerais issus de conflits et pratiques commerciales trompeuses, rapporte la Deustche Welle. L'affaire remonte au mois d'avril, lorsque la RDC a adressé à Apple une mise en demeure. Le pays exhortait la multinationale californienne à donner des explications sur l'origine des minerais "3T" (étain, tungstène, tantale) utilisés dans ses produits électroniques.
Cette plainte déposée en France et en Belgique est l'aboutissement d'un conflit de plusieurs mois entre l'État congolais et le groupe américain. Les autorités françaises et belges vont maintenant examiner s'il existe suffisamment d'éléments pour poursuivre l'action en justice, indique la BBC. C'est une judiciarisation au pénal d'une tension politique et géopolitique entre la RDC et le Rwanda.
Le Pillage de mines dans l'est de la RDC
Apple est accusée d'utiliser des minerais pillés en RDC et blanchis via des chaînes d'approvisionnement internationales. Les minerais extraits illégalement en RDC passent par la suite en contrebande par le Rwanda, avant d'intégrer les chaînes d'approvisionnement mondiales. « C'est une société qui pèse plus de 3 000 milliards de dollars, et il faut supposer qu'elle connaît les conséquences de ses actes [...]. Le déni de ses responsabilités n'est pas acceptable, se cacher derrière de faux récits sur sa chaîne d'approvisionnement non plus ! », a déclaré l'un des avocats de la RDC.
L'est de la RDC regorge de minerais et a été au coeur des convoitises et des guerres depuis des décennies. Selon la BBC, les avocats de la RDC ont évoqué la contamination de la chaîne d'approvisionnement d'Apple par des « minerais de sang ». Ils affirment que l'étain, le tantale et le tungstène proviennent de zones de conflit et sont ensuite « blanchis par le biais de chaînes d'approvisionnement internationales ». Ces activités minières illicites auraient alimenté, selon le plaignant congolais, « un cycle de violences et de conflits », tout en finançant des milices et des groupes terroristes, et ont également contribué au travail forcé des enfants et à la dévastation de l'environnement.
Apple nie tout
Le 30 septembre dernier, la cheffe de la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco), Bintou Keita, exprimait déjà ses inquiétudes quant à l'exploitation de zones minières dans l'est du pays par le M23 (Mouvement du 23 mars). Ce groupe rebelle soutenu par le Rwanda alimente les conflits dans une partie du Nord-Kivu, dans l'est du pays. Selon la BBC, Apple récuse les accusations et dit imposer à ses fournisseurs "les plus hauts standards de l'industrie". La société affirme qu'après l'escalade des tensions dans la région du Nord-Kivu, elle avait informé tous ses sous-traitants que « leurs fonderies et leurs raffineries devaient cesser de s'approvisionner en étain, tantale, tungstène et or en provenance de la RDC et du Rwanda ».