Avec le versement du boni de fin d'année et du 14e mois, exceptionnellement offert cette année aux salariés percevant moins de Rs 50 000, beaucoup de Mauriciens se retrouvent avec une somme supplémentaire. Face à cette rentrée d'argent, plusieurs options s'offrent à eux pour optimiser cet excédent, que ce soit pour épargner, investir ou répondre à des besoins immédiats. Mais quelles sont les meilleures stratégies à adopter pour faire fructifier cet argent ?
Des options d'investissement pour tous les profils de risque
«Plusieurs options d'investissement sont adaptées aux profils de risque variés pour ceux qui veulent investir le boni de fin d'année et du 14e mois», explique Imrith Ramtohul, Senior Investment Consultant chez Aon Solutions Ltd. Selon lui, ceux qui recherchent des solutions sûres peuvent se tourner vers les dépôts à terme et les titres du Trésor, tandis que ceux prêts à prendre plus de risques peuvent envisager les actions, les fonds communs de placement ou même l'or, qui a connu une bonne performance cette année.
Le choix d'investir dépend en grande partie du niveau de risque que l'investisseur est prêt à assumer. «Par exemple, un bon du Trésor mauricien d'une durée d'un an, considéré comme très peu risqué, offre un rendement d'environ 4 %. Ces types d'investissements sont généralement jugés sûrs», dit-il.
Pour ceux qui souhaitent prendre plus de risques dans l'espoir d'un rendement plus élevé, Imrith Ramtohul suggère d'envisager l'investissement en actions, locales ou internationales. «Les actions peuvent offrir des rendements plus élevés à moyen et long terme, bien que les prix soient volatils. L'appréciation du capital et la possibilité de percevoir des dividendes réguliers sont les principaux avantages», fait-il ressortir. À titre d'exemple, il mentionne que le rendement en dividendes du marché officiel mauricien était de 4,3 % à la fin du mois de novembre 2024.
Les fonds communs de placement et les produits offerts par les compagnies d'assurances locales, selon lui, sont également des options intéressantes pour diversifier les investissements. Ces produits permettent une gestion professionnelle des portefeuilles et investissent dans une variété de titres.
L'or, souvent vu comme une valeur refuge en période d'incertitude économique, est également une option pertinente. «Cette année, l'or a enregistré une performance impressionnante, avec une hausse de 30 % sur les 11 premiers mois de 2024», souligne-t-il. Toutefois, il rappelle que l'or ne génère ni dividendes ni intérêts, et que le rendement provient uniquement de l'appréciation de son prix. Pour ceux intéressés par l'or, il recommande les Gold Exchange Traded Funds (ETFs), qui suivent le prix de l'or, affichent des frais faibles et peuvent être facilement liquidés, si nécessaire.
Par ailleurs, malgré les options d'investissement disponibles, Imrith Ramtohul insiste sur l'importance de consulter un conseiller professionnel avant de prendre toute décision. «Il est fortement recommandé de demander des conseils d'experts pour s'assurer que l'investissement est adapté à ses objectifs et à son profil de risque», dit-il.
Investir son boni dans une coopérative, une option judicieuse selon Clency Lajoie
Placer son argent dans une coopérative constitue un choix avisé, selon Clency Lajoie, président de la Curepipe Cooperative Union. Il estime que le boni de fin d'année, ou pour certains le 14e mois, peut être utilisé de manière intelligente en allouant une partie à un fonds d'une société coopérative. «Ce fonds sera fructifié et pourra être utilisé plus tard», affirme-t-il, en soulignant que des projets émergent toujours pour une famille. «Pensons à notre avenir et épargnons. Nous devons être prudents», ajoute-t-il.
Pour investir dans une société coopérative, Clency Lajoie explique qu'il est impératif d'être membre pour bénéficier des avantages qu'elle offre. «Les facilités qu'un membre obtient dans une coopérative sont inégalées ailleurs. Les emprunts ne sont assortis d'aucun frais important, et le montant demandé est intégralement accordé sans prélèvements. De plus, les taux d'intérêt sont décroissants : à mesure que l'on rembourse, le taux diminue», précise-t-il.
Un autre atout majeur est l'assurance gratuite offerte aux membres. En cas de décès, les héritiers reçoivent deux fois le capital investi par le défunt. «Aucun souci à avoir si un membre décédé avait contracté un emprunt, car l'assurance couvre son remboursement», rassure-t-il. Concernant le fonctionnement d'une Credit Union, il souligne que «ce sont les membres qui contrôlent démocratiquement la coopérative. Ils participent aux assemblées générales et disposent d'un droit de regard».
Selon lui, les Credit Unions sont des institutions «fiables et crédibles» ayant fait leurs preuves au fil des années. Il ajoute que nombre d'entre elles ont su innover en proposant de nouveaux produits à leurs membres tout en respectant les principes de bonne gouvernance. «Ce sont des endroits sûrs où l'on peut investir», affirme le président de la Curepipe Cooperative Union.
Bien que les grandes entreprises déploient des programmes séduisants pour attirer les épargnants, Clency Lajoie observe une tendance croissante chez les jeunes à s'intéresser aux Credit Unions. «Même si la majorité de nos membres sont des personnes âgées, nous constatons que de jeunes professionnels souhaitent rejoindre nos rangs. Ils reconnaissent les avantages qu'offrent les coopératives en comparaison avec les institutions financières traditionnelles. Ils épargnent et contractent également des emprunts.» Enfin, il souligne une autre spécificité des coopératives : leur rôle dans la promotion de valeurs essentielles telles que «l'effort, la discipline, la sagesse, la modération, la simplicité et la patience». Cependant, Clency Lajoie admet qu'un manque d'éducation financière persiste à Maurice. «Nous devons redoubler d'efforts dans ce domaine», conclut-il.
Les Credit Unions : un modèle participatif pour une gestion financière collective
Une Credit Union est une coopérative d'épargne et de crédit reposant sur un modèle participatif. Les membres déposent leurs économies dans une caisse commune, qui est utilisée pour offrir des prêts à des conditions avantageuses pour financer des projets personnels ou faire face à des imprévus financiers.
Les Credit Unions se distinguent par des taux d'intérêt compétitifs, qui sont à la fois attractifs et décroissants, calculés sur le solde dû. Cette particularité permet aux emprunteurs de bénéficier de conditions financières nettement plus favorables que celles proposées par les prêts classiques.
Un autre atout majeur des Credit Unions réside dans l'assurance gratuite qu'elles offrent à leurs membres. Cette assurance couvre non seulement le capital épargné, mais également les emprunts en cours.
Au-delà de leurs avantages financiers, les Credit Unions s'appuient sur des valeurs fondamentales telles que la solidarité, l'honnêteté et l'équité. Elles favorisent l'entraide entre leurs membres et encouragent une gestion collective des ressources, dans un esprit de coopération et de soutien mutuel.
Ce modèle coopératif constitue une alternative crédible aux institutions financières traditionnelles, en plaçant les besoins et le bien-être des membres au coeur de son fonctionnement.
Suttyhudeo Tengur : «L'investissement est vital pour le développement»
Suttyhudeo Tengur (photo), président de l'Association pour la Protection de l'Environnement et des Consommateurs (APEC), affirme que «l'investissement est vital pour le développement», particulièrement dans un contexte où de nombreux travailleurs disposent d'un excédent financier. «Pour certains, cet argent pourrait leur permettre d'acheter des fournitures scolaires pour leurs enfants ou encore des articles nécessaires pour la maison», avance-t-il. Cependant, il insiste sur l'importance de consacrer une partie de cet excédent à l'investissement.
«Les consommateurs doivent penser à investir une partie de leurs revenus pour préparer leur avenir», recommande-t-il, tout en mettant en garde contre les pièges des dépenses impulsives, notamment durant la période des fêtes. «L'argent est un bon serviteur mais un mauvais maître», rappelle-t-il, soulignant la nécessité de planifier ses dépenses pour éviter des difficultés financières après les festivités.
Adopter des achats responsables
Par ailleurs, le président de l'APEC invite les Mauriciens à intégrer une dimension écologique dans leurs choix de consommation. «L'impact des perturbations environnementales rend la vie humaine insupportable», affirme-t-il. Il souligne que des habitudes d'achat plus responsables peuvent contribuer à les atténuer.
Il encourage également les consommateurs à investir dans des initiatives écologiques pour préserver l'environnement, car, selon lui, «cela protégera la beauté de notre île et nous épargnera des calamités naturelles». Suttyhudeo Tengur est convaincu que Maurice peut devenir un modèle de durabilité dans l'océan Indien, à condition de promouvoir une économie plus verte.
L'éducation financière
Abordant la question de la gestion financière, Suttyhudeo Tengur insiste sur l'importance de l'éducation financière. «La littératie financière joue un rôle crucial dans la prise de décision en matière d'investissement», explique-t-il. Selon lui, des compétences telles que la budgétisation, l'épargne et l'investissement doivent être inculquées dès le plus jeune âge.
«Ces connaissances permettent d'éviter des écueils tels que l'endettement excessif ou des choix d'investissement inappropriés», ajoute-t-il. Avec une solide éducation financière, conclut-il, les individus seront mieux équipés pour planifier leur avenir, assurer leur stabilité financière et créer des opportunités durables.