Alors que les voix dissidentes de la société civile sont de plus en plus muselées et prises pour cible sur le continent africain, comment défendre les défenseurs des droits humains au Sénégal ? La coalition sénégalaise des défenseurs des droits humains tenait une conférence de presse ce jeudi 26 décembre au matin à Dakar pour présenter un rapport dénonçant les difficultés qui pèsent sur eux au quotidien, et plaidoyer pour l'adoption d'une loi en 2025.
La coalition sénégalaise des défenseurs des droits humains, rassemblant une vingtaine d'organisations du secteur, a été créée en 2001. Vingt-trois ans plus tard, elle décrit un paysage dans lequel les craintes et les entraves ne cessent de grandir.
Cela a particulièrement été le cas pendant les trois dernières années de la présidence de Macky Sall, au risque d'empêcher les personnes ou organisations de jouer leur rôle. Coumba Guèye Ka est la secrétaire exécutive de l'Association des juristes sénégalaises (AJS) : « Il y a certains défenseurs des droits humains qui n'osent pas prendre la parole en public ou bien qui sont lynchés automatiquement dans les réseaux sociaux. C'est cette épée de Damoclès qui est sur la tête de certains défenseurs des droits humains, surtout en matière de diffamation, surtout en matière d'espace civique. »
Les organisations réclament ainsi que les poursuites pour diffamation ou diffusion de fausses nouvelles ne relèvent plus de la justice pénale, afin d'éviter les peines de prison.
L'avant-projet de loi qu'elles proposent pour protéger leur statut n'est pas superflu, estime Syla Sow, maître de conférences à l'UCAD et auteur du rapport : « C'est d'abord non seulement une reconnaissance de leur travail et une reconnaissance des moyens d'expression de leur travail. Cela veut dire que la liberté d'association n'est soumise qu'à des formalités administratives, la liberté d'expression est extrêmement garantie, parce que les défenseurs des droits de l'homme ne bénéficient que de deux piliers essentiellement, la veille et l'alerte, et cette loi-là veille à ce que les défenseurs puissent faire leurs activités sans pour autant être emprisonnés, brimés ou intimidés. »
Déjà présenté au président de la République et au Premier ministre, les organisations de défense des droits humains espèrent que le texte deviendra une loi au premier trimestre 2025.