Madagascar: La durée-limite autorisée à une scène de ménage

L'inégalité de genre persiste de manière flagrante dans la société malgache, malgré les efforts des dirigeants pour actualiser la législation. Dans la plupart des cas, la loi s'est beaucoup inspirée de l'union coutumière décrétée au cours de nombreux kabary par Andrianampoinimerina.

Le grand souverain insiste, avant tout, sur la nécessité de bénir les noces des jeunes gens, bénédiction du reste acquise en général, puisqu'en fait, il s'agit plus de l'union de deux familles qui arrangent, dans leurs propres intérêts, le mariage de leurs enfants. « De tels mariages sont durables », soutient le monarque.

Pourtant, au cas où ni le jeune homme ni la jeune fille, alors qu'ils s'aiment sans toutefois tomber dans la mésalliance, n'obtient pas cette bénédiction parentale, rien ne doit entraver leur désir de s'unir publiquement. Mais comme, en général, « de telles unions sont éphémères », quand vient la séparation, « les biens amassés pendant leur durée sont répartis en deux parts égales ». Et encore ! Si le mari prouve que sa femme a « un comportement frivole », elle n'obtient rien.

Dans tous les cas, cette union est proclamée officiellement quand les deux parties concluent l'affaire après maintes discussions, parfois très âpres (« fitorian-dravina ») et après que la famille du garçon remet à celle de sa fiancée le « vodiondry » (présent officiel en nature ou en espèce). Seule cette union officialisée est acceptée par le monarque qui s'oppose au « tokantrano maso », à la cohabitation entre deux personnes non mariées au cours de noces publiques. Aucune tierce personne, « même pas le roi », ne peut séparer deux époux par des calomnies ou des actes répréhensibles.

Quand il y a mésentente dans le couple du fait de l'homme, la séparation ne vient pas immédiatement. La femme peut quitter le domicile conjugal (« misintaka »), mais à la seule condition qu'elle retourne chez ses parents. Son époux dans les douze prochains jours, doit la rappeler auprès de lui. Si elle s'y refuse - en principe elle a le devoir de pardon-ner - autorisation est accordée au mari de devenir bigame, car « il a besoin d'une épouse pour s'occuper de sa maison et la garder quand il va en guerre ou qu'il accomplit un service du roi ».

Mais auparavant, il se doit d'offrir une compensation en argent ou en nature (« taha ») pour ne pas commettre un adultère, ce qui est interdit sans qu'il encoure, cependant, une sanction. À signaler qu'un homme est autorisé à avoir jusqu'à sept épouses, chiffre qu'il ne doit pas dépasser. Encore moins, il n'a pas le droit d'atteindre le nombre douze, prérogative royale.

En revanche, si la cause de la mésentente vient de la femme, accusée de dévergondage par son mari (« mandehandeha »), celui-ci a le droit de lui refuser son pardon. Il lui donne d'abord le « taha » avant que la séparation officielle ne soit prononcée. Le partage des biens amassés pendant l'union se fait devant le fokonolona et les deux familles : deux tiers pour l'homme car « c'est lui qui va par monts et par vaux pour faire la guerre et faire fortune », un tiers pour la femme « qui se contente de garder la maison ».

Et si, par malheur, la femme est prise en flagrant délit d'adultère par son mari qui revient de guerre, ce dernier peut les tuer, son amant et elle. Ce droit est levé quand l'Imerina est pacifié et il est remplacé par une peine qui n'est pas plus douce, « la vente au marché d'esclaves ».

Néanmoins, Andrianampoinimerina encourage vivement les couples à préserver leur union, à se réconcilier, à se tolérer, à se pardonner pour ne pas se séparer à la moindre peccadille. En tout cas, pour lui, une scène de ménage ne doit pas excéder une durée de douze heures : « Miady hariva, tsara maraina, miady maraina, tsara hariva » (qui se disputent le soir, se réconcilient au matin, qui se querellent le matin, se pardonnent le soir).

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