Sénégal: Le wapp a un nouveau secrétaire général - Le sénégalais Abdoulaye Dia aux commandes

C'est au terme de la 19eme Session de l'Assemblée Générale du Système d'Echanges d'Energie Electrique Ouest Africain (WAPP) qui s'est tenue à Abidjan du 25 au 29 novembre dernier, que le sénégalais Abdoulaye Dia, précédemment CEO/Directeur Général de la Semaf (OMVS), a été placé à la tête de la prestigieuse institution régionale. Le tout nouveau Secrétaire général du Wapp n'est cependant pas en terrain inconnu pour avoir été membre du Comité technique et d'exploitation, président de la task-force «Fibre optique noire» et représentant de la Senelec au Conseil exécutif.

39 ans d'expérience solide dans le secteur et la sous-région dont 34 à la Senelec où il a tour à tour occupé les fonctions de Responsable de Services Production ; Responsable Mouvements d'Energie et Achats ; Directeur de la Communication et de l'Informatique ; Directeur du Transport ; Secrétaire Général... Dans un parcours tel celui du combattant, l'ancien « Enfant de troupe » aura relevé moult challenges au-delà de Senelec. Durant dix années et après un passage au ministère du Pétrole et des énergies en tant que Directeur de cabinet sous Mouhamadou Mactar Cissé, l'ingénieur électromécanicien s'est retrouvé dans les « courants forts » de la SOMELEC/ Mauritanie (Consultant) ; la SNEL/RDC (Consultant) ; Membre du Comité Technique et d'Exploitation du WAPP CTE ou EOC ; Membre du Conseil Exécutif du WAPP.

Beaucoup d'eau a coulé sous les barrages lorsqu'en octobre 2021, Abdoulaye Dia prend les rênes de la Société d'Exploitation et de maintenance des ouvrages hydroélectriques de Manantali et de Félou (SEMAF-SA) pour initier une transition vers de nouveaux défis pour une transformation organisationnelle et industrielle, avec comme socle, la mise aux normes de la société pour retrouver les fondamentaux d'un opérateur d'énergie électrique sous-régional. Créée en 2014, SEMAF-SA est une filiale de la Société de gestion de Manantali (SOGEM), toutes deux appartenant à l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) qui regroupe le Mali, la Mauritanie et le Sénégal.

Gérer un réseau de plus de 2000 km de lignes haute tension ; 24 sites / Production de 1800 GWh par an, ce n'est pas une sinécure, mais c'est le challenge que Abdoulaye Dia a dû relever durant trois années, à travers un modèle d'interconnexion qui a largement inspiré le Système d'échanges d'énergie électrique ouest-africain (WAPP) dont il prend aujourd'hui les rennes.

Ce n'est donc pas une surprise si, au terme de la 19eme Session de l'Assemblée générale du Wapp qui s'est tenue le 29 novembre dernier à Abidjan, en Côte d'Ivoire, le Burkinabé Siengui Apollinaire Ki, Secrétaire général sortant, a passé le relais au sénégalais Abdoulaye Dia, un soldat de l'intégration régionale.

En route vers un marché commun de l'électricité

Le WAPP est une institution spécialisée de la CEDEAO chargée dans un premier temps d'intégrer les réseaux électriques des 14 pays membres (tous les pays de la CEDEAO à l'exception du Cap Vert) et dans un second temps de gérer le marché unifié régional ainsi créé. Ces deux missions (le volet technique et le volet économique) sont très importantes pour assurer un approvisionnement en énergie électrique régulier, fiable et à des coûts compétitifs. Les avantages que présente ce système sont nombreux.

D'abord, avec l'EEEOA, l'intégration régionale se retrouvera renforcée. Le déficit de production d'un pays pourra être compensé par les excédents des autres. L'interconnexion entre le Ghana et la Côte d'Ivoire (CI) en est une parfaite illustration. Au départ, cette interconnexion a été réalisée dans le but de permettre au Ghana d'être alimenté par la CI. Mais en 2010, lors de la crise énergétique qui a secoué cette dernière, c'est plutôt le Ghana qui fournissait de l'électricité à la CI. Ainsi l'EEEOA favorisera la coopération entre les sociétés de production, de transport et distribution ainsi que la concertation entre les autorités de régulations du secteur.

Ensuite il est important de souligner qu'avec cette interconnexion, le rêve de marché commun de la CEDEAO va devenir une réalité, au moins dans le domaine électrique. L'EEEOA, c'est la création d'un marché de l'électricité de près de 300 millions de personnes. Certes le taux de couverture est relativement faible (le taux de couverture de la population en CI est de 40%, c'est pourtant l'un des plus importants de la sous-région), mais cette perspective est de nature à attirer plus d'investissement dans le secteur tant au niveau des installations de production et de transport qu'au niveau du développement du réseau dans chaque pays.

De plus l'interconnexion électrique permettra d'accroitre les capacités des installations de production envisagées par les sociétés productrices d'électricité. Selon les normes internationales, une seule installation de production d'électricité ne doit pas produire plus de 10% de la capacité d'un réseau. Ainsi plus le réseau est important et plus les puissances unitaires installées des unités de production d'électricité (barrages hydroélectriques, centrales thermiques, etc...) peuvent être élevées.

Une vision

La vision stratégique du nouveau SG du Wapp est déclinée en quatre axes dont le premier est relatif à l'Achèvement de la synchronisation du réseau des pays membres, avant l'Installation d'un Opérateur de Marché indépendant avec les prérequis, qui en est le deuxième axe. Il sera ensuite question de l'élargissement du WAPP à des membres aptes à participer au marché et enfin, de rechercher de nouvelles ressources financières.

L'action repose d'abord sur le développement d'une stratégie de management de projets afin d'accroître l'offre d'énergie et la capacité des réseaux, mais aussi sur la promotion au WAPP et chez ses membres, une bonne gouvernance et des ressources humaines locales de qualité.

La stratégie obéit cependant aux impératifs de modernisation de la gestion du Wapp à travers la digitalisation, ainsi qu'au développement d'une expertise d'énergie durable au sein des pays membres afin de s'adapter aux enjeux énergétiques actuels.

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