L'extension des aires protégées sont-elles réellement efficaces pour assurer la protection de la nature dans le contexte d'un pays sous-développé comme Madagascar ? Madagascar a mis en place des aires protégées depuis 1927 sans pouvoir maîtriser la vitesse alarmante de la dégradation forestière. Dans ce sens, cette démarche aurait dû être accompagnée par un bilan et une réflexion profonde sur l'efficacité réelle de ces aires protégées dans la protection de la nature.
En décembre 2024, un nouvel ensemble de principes relatifs aux droits de l'homme vise à mettre fin aux déplacements et aux abus des populations autochtones grâce à la « conservation des forteresses ». C'est justement dans cette réflexion qu'un consortium des chercheurs : Alain Bertrand, Guybertho Randrianarivelo, Pierre Montagne, Philippe Karpe, et John Anderson a publié au cours de ce mois de décembre dans la revue scientifique internationale Vertigo un article scientifique intitulé « Perseverare diabolicum : Remettre en cause les impensés de la gestion forestière publique en Afrique ».
Conservation
Ce texte fait une analyse devant l'injustice plus que séculaire faite à travers le monde aux peuples autochtones et aux communautés forestières, dont les droits historiques et les savoirs et pratiques traditionnels demeurent encore méconnus, ignorés, falsifiés ou manipulés. La conservation de la nature est fondée sur la notion de wilderness, la mise à l'abri de toute emprise humaine, c'est-à-dire la préservation des espaces naturels. Mais la conservation est un mot ambigu tant en français qu'en anglais, qui masque cet a priori de la préservation. Depuis l'origine, la création des aires protégées fait l'objet de critiques sur son inefficacité, confirmée par maints exemples, parce qu'elle confisque les terres et les espaces naturels bien conservés des populations résidentes des peuples autochtones et les exclut. La critique des aires protégées, des États et des ONG globales de conservation contraste avec la gestion conservatoire durable, pluriséculaire, des espaces naturels par les communautés forestières.
Gestion
Les peuples autochtones vivent dans des zones qui contiennent 80% de la biodiversité de la planète et subissent une véritable spoliation par la création des aires protégées. Leurs modes de gestion coutumiers qui ont conservé ces ressources depuis des siècles (voire des millénaires) sont ignorés, niés et bafoués par la logique ethnocentrique et hégémonique des créateurs des aires protégées. Il faut repenser la gestion publique des espaces forestiers et remettre en question l'unanimité et les impensés des réglementations forestières. Il faut tenir compte de l'autre unanimité, opposée et diverse, celle des règles coutumières des communautés forestières et des peuples autochtones qui ont fait la preuve de leur durabilité.