Ile Maurice: Quand la nature tire la sonnette d'alarme

27 Décembre 2024

-L'urgence de repenser notre rapport avec la nature

Cyclones destructeurs, inondations, sécheresse, érosion côtière et pollution : l'année 2024 a exposé de manière criante la vulnérabilité de Maurice face aux défis climatiques et environnementaux. Ces événements extrêmes appellent à une remise en question urgente de nos pratiques et de notre relation avec la nature pour préserver l'avenir de l'île.

Dès le début de l'année, les effets conjugués du changement climatique et des activités humaines sur l'environnement se sont manifestés de manière frappante. En janvier, le cyclone Belal a provoqué une montée des eaux à Port-Louis, piégeant les voitures avec leurs occupants dans des torrents. Outre les conditions imprévisibles de ce cyclone, aggravées par l'excès de bétonnage, ce qui a marqué les esprits, ce sont les tonnes de déchets rejetées par les vagues au Port-Louis Waterfront, témoignant de l'incivisme ambiant. Les inondations survenues le 21 avril ont causé d'importants dégâts, notamment l'effondrement de maisons à Tranquebar.

Le passage du cyclone Belal a également mis en lumière la vulnérabilité de nos côtes face aux phénomènes climatiques. Parmi les dégâts, la destruction de certaines structures, dont des hôtels, soulève des questions sur l'aménagement du littoral. L'érosion côtière, de plus en plus grave, est exacerbée par les activités humaines : pollution, acidification des océans, impact des bateaux et de l'aquaculture. Sur les 322 km de côtes mauriciennes, 83 % sont des plages de sable, qui se rétrécissent de façon inquiétante. Bien que divers projets aient été lancés pour prévenir et contrôler l'érosion des plages, certaines mesures se révèlent inefficaces, tandis que des structures dures construites trop près de la mer accélèrent encore ce phénomène.

L'érosion côtière qui s'aggrave de manière inquiétante.

Les déversements d'hydrocarbures continuent de constituer une menace sérieuse pour l'environnement marin. En début d'année, l'estuaire de Terre-Rouge, situé dans une zone industrielle, a été le théâtre de deux incidents majeurs en l'espace de deux mois, avec le déversement de fioul lourd dans ses eaux. Ces fuites, issues des usines, ont non seulement pollué un écosystème déjà fragile, mais aussi perturbé un site Ramsar, une réserve protégée abritant des espèces d'oiseaux migrateurs et des plantes endémiques. Après les fuites à Terre-Rouge, un autre déversement de 20 litres de fioul lourd a été observé à la rivière La Marre, à Pointe-aux-Sables, près de la plage publique, le 2 juillet.**Le site d'enfouissement de Mare-Chicose, saturé, ravagé par un incendie.

Rappelons qu'après plusieurs années du déversement de fioul causé par l'échouement du MV Wakashio, une étude récente révèle que des traces de pollution persistent dans la mangrove du sud-est de l'île. Ces écosystèmes, particulièrement vulnérables aux marées noires, sont gravement affectés par l'huile piégée dans les sédiments. Cette pollution compromet la santé des plantes et le renouvellement naturel de la mangrove, dont la restauration pourrait prendre plusieurs décennies.

De plus, le 6 novembre, un incendie a ravagé le site de Mare-Chicose, déjà saturé. Selon Statistics Mauritius, la quantité totale de déchets solides enfouis à Mare-Chicose a augmenté de 9,5 %, passant de 494 073 tonnes en 2022 à 541 141 tonnes en 2023. Des incendies similaires ont éclaté dans les stations de transfert de Roche-Bois et de La Chaumière, générant une pollution supplémentaire de l'air et du sol.

La sécheresse, exacerbée par le changement climatique, est également un problème croissant. Selon la station météorologique, août 2024 a été le troisième mois d'août le plus sec des 20 dernières années, avec seulement 61 mm de précipitations, soit 56 % de la moyenne à long terme. Ce déficit affecte l'agriculture et aggrave les tensions sur les ressources en eau. À noter que le Plateau central a enregistré les précipitations moyennes les plus élevées, avec 105 mm, tandis que la région Nord a enregistré le pourcentage le plus élevé, soit 73 %.

En conclusion, en cette fin d'année, les événements climatiques et environnementaux qui ont frappé Maurice rappellent l'urgence de repenser notre relation avec la nature. Inondations, sécheresse, érosion côtière, pollution marine et terrestre : chaque catastrophe met en lumière la vulnérabilité de l'île et les conséquences directes des activités humaines sur ses écosystèmes.

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