Congo-Kinshasa: Noël Tshiani prône purement le changement de la Constitution

Invité dans l'émission « Face à l'opinion » de la chaîne Congo Buzz TV, le Professeur Noël Tshiani Muadiamvita, Président du Parti politique Force du Changement a commencé par se féliciter de son apport dans la vie quotidienne du pays à travers ses initiatives notamment, la Loi qui porte son nom. Il enrichit, à travers ses analyses autour de la question du changement ou de la révision constitutionnelle, le débat autour de cette question.

Autour de l'épineuse question de la révision ou du changement de la Constitution, Noël Tshiani donne sa posture en faisant le choix du changement complet de la Loi fondamentale du pays.

«Quand je suis revenu des Etats-Unis en 2018, j'avais pris soin de lire la Constitution de la République du premier au dernier article pour comprendre exactement ce qu'elle disait. En faisant cet exercice là, j'avais découvert des monstruosités, des impuretés et des choses très graves pour un pays. Le premier élément que j'avais détecté c'est que notre Constitution était un canal ouvert aux infiltrations étrangères.

Et j'ai commencé à dénoncer cela. Je n'avais pas le pouvoir de changer les choses si ce n'est que la dénonciation. Je me suis dit, nous avons besoin d'avoir une loi qui verrouille l'accès à certains postes. Pourquoi ? Parce que tel que la Constitution est formulée aujourd'hui, nous sommes ouverts à toutes les éventualités. N'importe qui peut débarquer au Congo puis quelques années après il est candidat et gagne les élections alors que c'est un étranger. Il va nous vendre aux étrangers, vendre les minerais du Congo et balkaniser la RDC », a déclaré Noël Tshiani.

Quel est l'article qui ouvre la voie aux étrangers ?

Deux articles m'avaient intrigué dans notre Constitution, déclare Noël Tshiani. Il s'agit de l'article 72 qui stipule que pour être candidat Président de la République, il faut être congolais d'origine simplement. Et je me suis posé la question de savoir ce que cela signifiait. Quand j'analyse de très près je découvre que, est congolais d'origine : tout congolais de père et de mère, un congolais de père ou de mère, c'est-à-dire, celui qui a un parent congolais et un parent étranger.

J'ai trouvé que cela était une aberration. Un étranger qui vient habiter au Congo avec ses enfants pendant un certain temps peut devenir Président de la République ? J'ai estimé qu'il a fallu rendre les choses beaucoup plus claires. Qu'on reconnaisse que toute cette catégorie de congolais sont nos frères, sont des compatriotes et peuvent tout faire dans notre pays. Sauf que pour des fonctions de souveraineté, des fonctions sensibles, il faut les laisser exclusivement aux congolais d'origine, né des pères et des mères congolais d'origine et mariés, le cas échéant, aux conjoints qui sont aussi congolais d'origine.

En ce moment-là on aura enlevé l'élément étranger dans ceux qui pouvaient occuper des fonctions de souveraineté qui sont très limitées, notamment les fonctions de Président de la République, Président de l'Assemblée Nationale, Président du Sénat, les Hauts Magistrats de la République, les officiers supérieurs de l'armée, de la Police, des services de renseignement, l'agence de migration, la Banque Centrale du Congo, les ministères régaliens ainsi que les ambassadeurs congolais représentant le pays à l'étranger. Tous doivent être des congolais de père et de mère d'origine pour éviter l'élément conflit d'intérêt, mentionne-t-il.

Pour Noël Tshiani, la sauvegarde de l'intégrité territoriale et de la souveraineté nationale est cruciale et revêt un caractère sacré.

Outre l'article précité, il y a aussi l'article 10 de la Constitution qui dit que la nationalité congolaise est une et exclusive. Vous ne pouvez donc pas avoir la nationalité congolaise et l'associer à une autre qui est étrangère. Par ce mécanisme là, nous avons perdu 15 millions de nos compatriotes qui sont sortis du pays pour des raisons d'études ou pour aller se débrouiller ailleurs à cause de la misère du Congo. A travers la Loi Tshiani que j'ai proposé l'irrévocabilité de la nationalité congolaise. Ce qui veut dire que vous restez congolais à vie même si vous prenez une deuxième nationalité. Mais, une disposition qui mérite une restriction aux pays limitrophes, particulièrement ceux qui nous font la guerre.

La Loi Tshiani impliquait la révision de ces deux articles cités ci-haut. Bref, j'ai été favorable, dès le départ, à la révision constitutionnelle avant de la relire à nouveau du début à la fin et y trouver encore des éléments incroyables, indique Noël Tshiani.

Avec son équipe, Noël Tshiani a élaboré une proposition des matières révisées. Une vingtaine d'articles jugés impropres à la consommation constitutionnelle. Etant donné le nombre incalculable des matières à réviser j'ai estimé qu'il était envisageable de réécrire la nouvelle Constitution. Par cette prise de position, ce politique manifeste son soutien à cette frange qui parle le même langage au détriment de ceux qui réfutent cette initiative du Chef de l'Etat ou qui soutiennent une simple révision.

Cette Constitution est une bombe à retardement

Le Professeur Noël Tshiani a soulevé la question de la corruption qui, selon lui, gangrène les acteurs politiques congolais. Un système dans lequel on ne peut pas choisir les meilleures personnes qui méritent un poste et cela, à tous les niveaux, dit-il. En lisant article par article nous avons étudié les matières qui nécessitent une révision puis à la fin nous avons élaboré une proposition de Constitution avec les matières révisées.

Le changement de la Constitution peut-il apporter un nouveau souffle dans le social des congolais ?

A cette question, le président du parti Force du Changement donne une réponse affirmative en apportant des précisions adaptées à leur Constitution révisée.

«Dans notre Constitution révisée, nous avons proposé la suppression de certaines institutions budgétivores et inutiles. Nous en avons identifié trois : le Sénat avec ses 108 membres qui coûte à la République à peu près 50 000 USD par Sénateurs le mois ; les Assemblées provinciales avec ses Députés provinciaux dissimilés dans toutes les provinces de la RDC.

Un coût exorbitant pour la République ; et enfin le Conseil Economique et Social qui compte 500 conseillers qui coûtent environ 15 000 USD par mois à la République par conseiller. Un total cumulé de plus de 400 millions de dollar pour entretenir toutes ces institutions par an. A cela, si vous multipliez par 5 ans de législature vous aurez 2 milliards de USD. Si nous économisons cette somme importante, nous pouvons l'affecter dans plusieurs autres secteurs de la vie pour accompagner le social du congolais.

L'initiative prise par Noël Tshiani de se préparer en attendant la mise en place, par le Chef de l'Etat Félix Tshisekedi, d'une commission en vue d'étudier la question constitue une anticipation afin d'être mieux outillé le moment venu.

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