Rien ne peut décrire la perte d'un enfant, et aucune expression ne saurait rendre pleinement la souffrance qu'une telle tragédie engendre. Imaginez, à présent, devoir faire un tel deuil au lendemain de Noël...
C'est ce qui se passe, hélas, au domicile des Ramdhoneea, à Morcellement St André, dans le nord de l'île. Leur petit Sreyan, âgé de seulement quatre mois, est décédé après que sa mère l'ait déposé à la garderie le jeudi 26 décembre. Cela ne faisait que trois jours que Sreyan allait à la garderie «Les Cendrillons Child Day Care», située dans la localité.
Le bébé a été asphyxié par la régurgitation du contenu de son estomac. C'est ce qu'a révélé l'autopsie pratiquée sur l'enfant par la Dre Shaila Prasad-Jankee, à la morgue de l'hôpital Dr A.G. Jeetoo à Port-Louis, aux alentours de 17 h 30, le même jour. Selon nos informations, le décès du petit Sreyan a été constaté aux alentours de 11 h 44 par un médecin à l'hôpital Sir Seewoosagur Ramgoolam National (SSRN) à Pamplemousses, où il avait été conduit en urgence par ses proches.
D'après le témoignage de son grand-père Hemraj, 73 ans, sa belle-fille (NdLR : la maman de l'enfant) a été prévenue au téléphone par le personnel de la garderie que le petit allait mal. «Gramatin, so mama inn al kit li garderie, lerla inn gagne kout téléphone ki zenfan la pa pe pran respirasyon, bizin degaze. Lerla, mo ti lakaz, mem monn ale ansanm ek mo belfi. Letan nou al laba, zenfan ti abat net. Dile ti pe sorti depi so la bous, so nene. Vite, vite nou inn pran li, nou inn al l'hôpital.» La famille Ramdhoneea est catégorique. Le bébé était en parfaite santé et ils affirment avoir eu cette confirmation du médecin légiste.
Baratee Ramdhoneea, la maman du petit Sreyan, raconte que sa vie a basculé lorsqu'elle a reçu le coup de fil de la crèche à 11 h jeudi matin. Il s'agissait de son premier enfant. Elle raconte que lorsqu'elle est arrivée sur place, son enfant, était déjà très froid. «Zenfan la ti fini frais. So lalang ti couleur bleu. So lame ek lipie osi parey. Leta monn trouv mo zenfan, monn traumatize. Mo pas ti ena mot, mo lavwa pa ti pe sorti. Mo zenfan ti fini desede depi boner, lerla linn sonn mwa. Ler mo pe prend mo bébé, mo pe tap tap mo zenfan, dile pe sorti partou ek li, dans so la bouche ek so nene. Lor téléphone, la directrice la ti pe criye fort fort ek mwa, kouma dir mwa ki en tord. Mo zenfan ti lor so responsabilité, li pa inn mem sonne SAMU.»
Ravagée par la douleur et la colère, cette mère déplore le fait qu'aucun membre de la crèche ne se soit déplacé pour rendre un dernier hommage à ce petit ange, parti trop tôt. «Pas même un coup de fil pour témoigner de leurs sympathies». Elle réclame justice pour qu'aucun autre parent n'ait à vivre ce que son mari, qui est policier de profession, et elle, sont en train de vivre depuis ce drame. «Mo zenfan ti bien, li ti en bonne santé. Avant mo al kit li gramatin, mo ti fer li boire, tire so gaz ek li ti bien gazouiller. Nanier li pann kone dan la vie ek mo envie la justice pou li.»
Hier vendredi, elle a enterré son fils unique et ne le reverra plus jamais. Baratee est toujours en congé de maternité et Sreyan allait à la crèche depuis seulement trois jours. Elle demande aux autorités concernées d'enquêter, «Monn perdi mo zenfan. Depi 30 ans sa crèche la ouvert, me mo envie kone eski zot ena vré compétence pou guet zenfan. Kan finn mett bébé dormi, zot pas checker ? Zot pann tann li pe toufe dan sa leta li été la ? Ki kalite pese zot fer ?», se lamente la mère.
La directrice de l'établissement, Artee Seegoolam, une femme âgée de 51 ans, a déjà été entendue par les enquêteurs du poste de police de Plaine-des-Papayes. Elle a ensuite été arrêtée et a comparu devant la cour de district de Mapou vendredi 27 décembre. Elle a obtenu la liberté conditionnelle après avoir fourni une caution de Rs 25 000 et signé une reconnaissance de dette de Rs 150 000.