Samba Gaye, 14 ans, vit au quotidien les contraintes et privations qui s'imposent aux adolescents atteints de diabète, une maladie qui lui a été diagnostiquée dès ses trois ans.
Il ne lui est plus permis certaines choses depuis cette date et se retrouve limité dans son rapport avec les loisirs, une véritable entrave au plein accomplissement de ses rêves d'enfance.
Samba Gaye se sent dans la situation d'une personne privée de certaines libertés, une expérience difficile à l'âge de tous les possibles, quand la vie passe aux plus jeunes les rêves de conquête du monde.
Être adolescent et vivre avec le diabète n'est pas de tout repos. Il y a les contraintes du régime alimentaire, le poids du traitement, qui peut être coûteux pour certaines bourses, sans compter la charge mentale liée au stress inhérent à la gestion du diabète.
Samba Gaye ne s'attendait pas à vivre une telle expérience à l'adolescence. Il n'imaginait pas non plus que la révélation de sa maladie il y a 11 ans, survenue après des pertes de poids continues, allait lui imposer cette discipline stricte.
« C'est très difficile de ne pas faire ce que les autres enfants de mon âge font. Il faut abandonner beaucoup de choses, les mets sucrés, les plats trop gras. La situation des diabétiques n'est pas toujours prise en compte par la société. Il y a des mets qui ne sont pas recommandés à mon statut de diabétique", souligne Samba Gaye.
A la découverte de son diabète de type 1, en 2013, il lui était « très difficile » d'accepter (...) et comprendre qu'il va falloir adopter un certain comportement ». Il lui était d'autant « pénible de faire face ». De savoir qu'il n'a pas hérité le diabète de sa famille ne l'aide pas plus à affronter une maladie pour laquelle rien ne le préparait.
« Mes parents m'ont amené chez le médecin pour faire des analyses. Je ne me sentais pas bien de jour comme de nuit, et j'avais faim tout le temps », se rappelle-t-il.
« Je pissais beaucoup, je maigrissais. Je ne remarquais pas ma perte de poids. Mais mon entourage me faisait des reproches sur mon corps qui perdait de son élasticité. Et plus je mangeais, plus j'avais faim. J'avais par moments des frissons. Mes jambes étaient lourdes également", détaille-t-il.
Inutile de dire que le jeune Gaye trouve qu'il « n'est pas facile de vivre avec [le diabète] » à son âge en particulier, même s'il croit que dans sa situation, il est peut-être « plus facile de comprendre et suivre l'évolution de la maladie pour vivre avec elle sans problème ».
« L'adolescent qui a le diabète a plus de possibilités de respecter à la lettre le régime, dans la mesure où il a la possibilité d'aller au marché et de cuisiner pour soi-même. Certes, je cuisine souvent mais ce n'est pas tout le temps facile. Dès fois, il faut s'adapter aux mets que propose la famille en faisant attention à ce que l'on mange », fait savoir Samba Gaye.
Samba Gaye prend de l'insuline à vie, qu'il achète à 1000 francs CFA l'unité. Il recommande de « manger avec intelligence », en suivant strictement un régime adapté, « si les moyens le permettent », en référence à la cherté du traitement du diabète.
Il évoque également les difficultés que rencontrent certains diabétiques dans des structures dédiées, à l'instar du centre Marc Sankalé, à Dakar, où pour faire ses analyses, « il faut que l'on soit à jeûne. Si l'on doit commencer les soins à 10 heures, cela ne convient pas au sujet diabétique », alerte-t-il.
L'adolescent ne manque pas d'insister aussi sur la cherté des médicaments, appelant l'Etat à davantage aider les malades du diabète, qui par moments doivent faire des bilans, trimestriel ou semestriel.