À l'approche des fêtes de fin d'année, une effervescence particulière s'empare des Mauriciens. Si les rues commerçantes de Port-Louis, Curepipe ou Rose-Hill restent animées, une révolution silencieuse se joue en parallèle : celle des achats en ligne. Aliexpress, Shein, Temu, sans oublier les plateformes sociales, comme Facebook et TikTok, captivent un nombre croissant de consommateurs locaux à la recherche de bonnes affaires. Avec des promotions éclatantes et des prix défiant toute concurrence, les plateformes de commerce en ligne continuent de séduire une population mauricienne de plus en plus connectée.
Depuis la pandémie de Covid-19, les Mauriciens se sont tournés massivement vers les achats en ligne. En 2020, le confinement avait été un catalyseur de cette tendance, qui s'est depuis installée durablement dans les habitudes locales. Le large éventail de choix de produits et la possibilité de se faire livrer à domicile ont contribué à démocratiser les achats en ligne.
Pour certains consommateurs, ces sites offrent une variété de produits introuvables localement, ce qui les rend irrésistibles. Priya Ramasamy, 28 ans, une étudiante en gestion, avoue passer plusieurs heures par semaine sur Shein. «Je trouve des vêtements uniques à des prix imbattables. Même avec les délais de livraison, ça vaut le coup ! En magasin, je paierais trois fois plus cher pour la même qualité.» Les sites comme Shein et Temu séduisent par leur vaste catalogue et leurs promotions alléchantes.
Réseaux sociaux : Nouvelles places de marché
Outre les géants du commerce en ligne, Facebook Marketplace et les vidéos de recommandations sur TikTok jouent un rôle clé dans cette révolution. Ces plateformes permettent aux vendeurs locaux et internationaux de promouvoir leurs produits directement auprès des utilisateurs. Sur Facebook, on trouve tout, des vêtements aux appareils électroniques, souvent à des prix négociables. TikTok, quant à elle, influence les choix d'achat par des vidéos captivantes de produits en tous genres.
«Pendant la période des fêtes, nous utilisons Facebook pour promouvoir nos produits et annoncer des offres flash», confie Salim Beeharry, propriétaire d'une boutique en ligne spécialisée en chaussures. Ces campagnes ciblées permettent d'atteindre un large public, souvent à la recherche de nouveautés. En 2024, les consommateurs mauriciens ne se contentent plus du produit le moins cher. Ils recherchent une expérience complète et satisfaisante. La rapidité et la fiabilité des livraisons sont devenues un critère clé. «Je choisis toujours les boutiques en ligne, qui garantissent une livraison en 48 heures, surtout pendant les fêtes», explique Sandrine Merle, une cliente régulière de sites locaux comme PriceGuru.
Pour les commerçants locaux, cette période reste une opportunité inégalée pour fidéliser leurs clients. En misant sur des stratégies personnalisées, en utilisant des données pour anticiper les besoins des consommateurs et en maintenant une communication active via les réseaux sociaux, ils peuvent tirer parti de cette forte demande. «Notre atout, c'est la proximité», affirme Karishma Seetal, gérante d'une boutique de vêtements en ligne. «Contrairement aux géants comme Shein, nous proposons un service client réactif et des options de retour adaptées aux besoins des Mauriciens. La différence, c'est que si le client n'est pas satisfait, il a toujours l'option de retourner le produit et d'en choisir un autre. De plus avec les commerçants locaux, il n'y pas de frais de livraison exorbitants», dit-elle.
Les magasins physiques résistent
Face à cette révolution digitale, les magasins traditionnels continuent de tenir tête, en particulier durant la période festive. Les centres commerciaux, comme Bagatelle ou Phoenix Mall, sont bondés car de nombreux Mauriciens privilégient encore l'expérience tactile et immédiate qu'offrent les boutiques physiques. Pour certains, les achats en ligne présentent encore des défis : délais de livraison, problèmes de qualité ou encore méfiance envers les paiements en ligne.
Samela Incloo, 44 ans, mère de deux enfants, reste fidèle aux magasins. «Je préfère voir et toucher ce que j'achète. Sur Internet, on ne sait jamais si le produit reçu sera conforme. Pendant les fêtes, je veux être sûr d'avoir mes cadeaux à temps. De plus, sortir faire les magasins avec la famille est pour moi aussi une occasion de passer du temps ensemble. Je sors avec mes enfants pour faire du shopping et nous avons l'occasion de manger ensemble et de faire autre chose», dit-elle. Les commerçants locaux tentent de séduire cette clientèle traditionnelle avec des promotions sur place, des offres groupées et des événements festifs dans leurs locaux.
La frénésie des achats en ligne reflète également une fracture générationnelle. Les jeunes, plus à l'aise avec la technologie, adoptent ces nouveaux modes d'achat avec enthousiasme, tandis que les générations plus âgées restent prudentes face aux arnaques potentielles et aux complexités des plateformes digitales. Cependant, les campagnes de sensibilisation à la sécurité numérique et l'amélioration des systèmes de paiement en ligne contribuent à bâtir la confiance chez les utilisateurs les plus réticents.
Avec cette évolution des habitudes de consommation, il reste à voir si les achats en ligne deviendront la norme ou s'ils coexisteront harmonieusement avec les traditions du shopping physique. Une chose est certaine : en cette saison festive, tous les chemins, qu'ils soient numériques ou physiques, mènent à la quête de l'objet parfait.