Tchad: Elections législatives et locales au pays de Mahamat Deby - Tout est accompli pour le maréchal du pays

Elections législatives, provinciales et communales
29 Décembre 2024

Huit millions de Tchadiens ont été appelés, le 29 décembre dernier, aux urnes pour élire leurs députés et leurs représentants locaux, après plusieurs reports depuis les dernières élections du genre qui remontent à 2011, en raison de la crise sécuritaire, des difficultés financières, du coronavirus et de la transition politique entamée en 2021 suite à la mort du président Idriss Deby Itno.

Pour les uns, c'est l'ultime étape qui vient refermer le chapitre de la longue transition amorcée, il y a trois (03) ans de cela. Pour les autres, ce n'est ni plus ni moins que le dernier épisode d'un simulacre de jeu démocratique qui, loin de donner une certaine légitimité au président Mahamat Deby Itno, va plutôt jeter une ombre de plus sur son régime déjà perçu par beaucoup, comme dynastique et autocratique.

Quoi qu'il en soit, on peut dire que tout est accompli pour le désormais Maréchal du Tchad, qui aura les coudées franches pour mettre en oeuvre son programme politique d'autant que sauf révolution copernicienne, il obtiendra la majorité parlementaire à l'issue de ce scrutin dont les seules inconnues, au moment où nous traçons ces lignes, restent le taux de participation et l'ampleur de la victoire de la coalition au pouvoir.

Le Maréchal du Tchad aura gagné son pari

Pour autant, de nombreux Tchadiens n'arrivent pas à dissimuler leurs craintes quant à la suite et à l'avenir de leur pays, surtout que ces dernières consultations électorales se sont déroulées dans un contexte géopolitique pour le moins tendu, avec le boycott prôné par l'opposition, pouvant entrainer des émeutes urbaines postélectorales dévastatrices, les attaques récurrentes et meurtrières perpétrées par un ramassis de bandits armés surnommé « Boko Haram », sans oublier les répercussions du conflit qui ravage le Soudan voisin avec son lot de plusieurs milliers de réfugiés sur le sol tchadien.

Tout cela vient exacerber une situation sociale déjà extrêmement précaire, créée par les pluies diluviennes de la dernière saison, qui ont causé la mort de plusieurs centaines de personnes et provoqué des millions de déplacés internes.

Beaucoup d'observateurs ont pu constater que les principales villes du pays étaient restées figées une bonne partie de la journée, dans un climat de peur et de méfiance ; les électeurs ayant trainé le pas avant de sortir pour cautionner à travers leurs votes, ce que le leader de l'opposition à qualifier d'«apartheid législatif ».

Le président Mahamat Deby Itno qui semble marcher sur les pas de son défunt père, pourrait durcir davantage son régime en réprimant sans égard au droit constitutionnel à manifester de ses compatriotes ; histoire de faire taire toutes les voix discordantes.

Il ne faudrait pas jeter le bébé avec l'eau du bain

Espérons que le retour à la vie constitutionnelle normale ouvrira les portes de la décrispation et permettra au pays de renouer avec ses partenaires techniques et financiers avec lesquels il est en rupture de ban depuis que le fils a remplacé le père au pied levé, après l'assassinat de ce dernier en 2021.

C'est vrai qu'il y a eu des dérapages tout au long de ces trois années de régime spécial dirigé par Mahamat Deby, mais même si le Tchad est toujours loin d'être une référence mondiale en matière de transparence électorale, il ne faudrait pas jeter le bébé avec l'eau du bain, en reconnaissant aux autorités actuelles, le mérite d'avoir mis en place toutes les institutions républicaines indispensables au fonctionnement, même a minima, de la démocratie réclamée à cor et à cri par les Tchadiens eux-mêmes et par la communauté internationale.

De ce point de vue, en tout cas, le Maréchal du Tchad aura gagné son pari même si des doutes subsistent sur la transparence des différents scrutins organisés depuis qu'il a pris les rênes du pays.

Maintenant qu'il est confortablement assis dans son fauteuil, il devra tendre la main à ses opposants pour qu'ensemble, ils invitent, de manière inclusive, les Tchadiens à regarder dans la même direction et à recoudre le tissu social déchiqueté par plusieurs décennies de guerre civile, de frustrations, d'injustices et d'OPA sur les institutions et les biens de la République.

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