N'Djaména — Il était 8h, heure locale. Nous sommes devant le domicile du délégué du quartier Abena situé dans la commune du 7ème arrondissement de N'Djaména, la capitale tchadienne.
Ici, le bulletin du parti Alwassat, qui a présenté 3 candidats aux législatives dans cette commune, ne figure pas parmi les 24 candidatures pourtant retenues par les instances chargées d'organiser les élections. Un agent de l'Agence nationale de gestions des élections (ANGE) tente désespérément de calmer la situation.« Ce bulletin manque aux législatives seulement et l'ANGE est en train d'imprimer depuis hier nuit et ça va retarder le vote jusqu'à midi », plaide-t-il.
Des problèmes d'organisation
L'une des victimes, Djimon Alain, par ailleurs secrétaire général du parti Alwassat, informe au micro de VOA Afrique que même pour que leurs candidatures soient retenues sur la liste définitive, ils ont dû faire beaucoup de gymnastiques. « Il y a 617 bureaux de vote dans le 7ème arrondissement. Entre temps, dans certains bureaux, certains électeurs ont déjà voté et c'est à 11h que nos bulletins sont arrivés dans ces bureaux de vote-là. Cette situation ne date pas d'aujourd'hui, pour que notre candidature soit retenue, nous avons déposé trois requêtes. Et aujourd'hui encore, c'est la même chose. Nous demandons que les législatives dans la commune du 7ème arrondissement soit annulées. Nous sommes trois, et si notre bulletin ne figure pas parmi les autres, c'est que nous ne sommes pas partant », avertit Djimon Alain.
Quelques électeurs refusent d'accomplir leur devoir civique. Même ceux qui ont pu voter ne croient pas à la crédibilité de ces élections. « Voter dans ce pays est une peine perdue parce que les résultats sont déjà dans leurs ordinateurs... Nous avons voté les présidentielles et tout le monde à l'intérieur comme à l'extérieur connait les résultats, mais la victoire a été arrachée de force ; donc, à l'avenir je ne voterai plus jamais dans ma vie, sauf s'il y a changement, mais je ne voterai plus sous ce régime », s'est promis cet électeur.
« Moi, je suis content d'avoir voté. Maintenant, est-ce qu'il y aura la transparence ? Cela laisse planner le doute, parce que là où j'ai voté, il n'y avait pas la liste des électeurs, mais il nous ont fait voter quand-même », déplore cet autre électeur.
La presse privée absente
Les élections du 29 décembre se déroulent sans les médias indépendants. Le regroupement de ces médias refuse de couvrir ce scrutin parce qu'ils n'ont eu de la subvention annuelle pourtant prévue par la loi. « La presse privée travaille énormément pour conscientiser la population et l'aide à la presse n'est pas versée. Le gouvernement subventionne les partis politiques pour faire leur campagne, mais la presse qui est le 4ème pouvoir est oubliée alors que ces médias privés travaillent dans des conditions très difficiles », a déclaré Mekondo Sony, président de l'Union des Radios Privées du Tchad.
Hassan Sylla Bakari, ancien ministre de la Communication et chef de mission du Mouvement patriotique du Salut (MPS), parti au pouvoir, déplore cette situation. « C'est bien dommage qu'une partie de la presse privée ne couvre pas cet événement. Elle est dans son droit de réclamer les choses, mais en même temps elle n'a pas droit de priver les Tchadiens d'un événement comme celui-ci. Je comprends bien leur situation mais j'aurais souhaité que mes amis de la presse privée mettent de l'eau dans leur vin et couvrent cet événement parce que c'est une histoire. Mais j'espère bien que cette situation sera décantée très vite », a déclaré Hassan Sylla Bakari.
Le principal enjeu de ces élections est le taux de participation puisque que dans quelques bureaux de vote que nous avons visitées, nous avons noté une manque d'engouement des électeurs.