La saison sèche bat son plein en Afrique de l'Ouest, avec un ciel voilé par les poussières du désert ramenées du Tchad par l'Harmattan. Dans le centre et le sud de la Côte d'Ivoire, la qualité de l'air se dégrade nettement. À Abidjan, la concentration en particules fines est en ce moment jusqu'à 12 fois supérieure aux normes de l'Organisation mondiale de la Santé, ce qui présente un risque pour la santé des travailleurs en extérieur.
Ils sont des dizaines autour d'un carrefour de Cocody, dans la capitale économique de Côte d'Ivoire : petits commerçants, chauffeurs, policiers. Annette tousse. Cette quinquagénaire balaie la poussière sur la chaussée. « Il y a le soleil, la poussière, ça nous fatigue, souffle-t-elle. Tout ça, c'est trop dur ». Annette porte un masque en tissu. L'indice de qualité de l'air est en ce moment deux fois pire qu'en temps normal.
Le docteur Sylvain Gnamien surveille les particules fines en temps réel : « Depuis deux semaines, on observe de très fortes concentrations, de 8h jusqu'à 22h-23h, avec un maintien permanent de ces niveaux de concentration. »
« Si j'arrête de travailler, on va faire comment ? »
Le risque, c'est de contracter ou d'aggraver des maladies respiratoires. Alors, ce spécialiste des sciences atmosphériques conseille d'éviter les zones de fort trafic : « Cela permet dans un premier temps de diminuer la surexposition. À défaut, il faut porter un masque, appelé "cache-nez" en Côte d'Ivoire. Ça nous permettra de filtrer une bonne partie des particules. »
Mais pour Djenaba, autre balayeuse, impossible d'arrêter le travail. « On ne peut pas s'arrêter, on n'a pas les moyens, glisse-t-elle. Il faut se débrouiller pour nourrir la famille, les enfants. Si j'arrête, on va faire comment ? »
Selon les estimations du Programme des Nations unies pour l'environnement, près de 400 000 Africains meurent chaque année en lien avec la pollution de l'air extérieur.