Le trafic de cent-douze tortues effectué par un parlementaire, un de ses conseillers et trois de ses assistants, découvert à Antehiroka, Antananarivo, la veille de Noël, est une belle occasion pour les défenseurs de la protection des ressources naturelles. Ils sont montés au créneau dans la journée d'hier pour rappeler le bât qui blesse : l'application stricte de la loi, la gouvernance environnementale et le respect de l'État de droit. Le ministre de l'Environnement et du Développement durable, Max Fontaine Andonirina, a rappelé l'annexe I de la convention CITES.
« La détention, la commercialisation et l'exportation des espèces de tortues Pyxisarachnoides et Radiata, qui ont failli être exportées par le parlementaire, sont interdites selon la convention CITES. L'arrestation du député et de ses amis est juste une étape, mais les enquêtes vont aller jusque dans les localités d'où proviennent ces tortues. L'objectif est de démanteler le réseau de trafic de ces tortues, depuis Madagascar jusque dans les pays d'exportation », a-t-il souligné.
Levée
L'organisation de la société civile pour l'environnement Alliance Voahary Gasy (AVG) félicite la décision du Pôle anti-corruption (PAC) d'envoyer les incriminés à Tsiafahy en attendant leur jugement. « Ils sont passibles de deux à dix ans d'emprisonnement et d'une amende minimum de 100 millions ariary selon la convention CITES.
Nous espérons que la décision du tribunal tiendra compte de sanctions similaires pour ces individus. Ce cas devrait constituer une jurisprudence et la loi doit être appliquée à tout individu voleur, trafiquant, criminel environnemental, sans considération de statut, ni de parti politique, ni de fonction, ni de religion, ni d'appartenance ethnique », décrie Ndranto Razakamanarina, président de l'AVG.
Le ministère de l'Environnement et du Développement durable apprend également que soixante-quatorze personnes ont été arrêtées, dont quatre emprisonnées jusqu'à quatre ans pour cause de feux de brousse ou de feux de culture volontaires. 3 976 tortues, 48 lémuriens, 30 caméléons, 2 300 baobabs nains, 284 bois précieux ont fait l'objet de trafic en 2024.
Transparency International souligne le niveau de corruption dans le pays, car il est invraisemblable qu'un élu du peuple puisse être impliqué dans un trafic de ressources naturelles. Une situation qui démontre que des députés sont motivés par la soif de pouvoir et non par l'amour de la patrie.
« L'Assemblée Nationale ne devrait pas être un repère pour malfaiteurs », souligne l'association Transparency International.