Du pain sur la planche. Le futur maire d'Antananarivo a pu réaliser hier l'un des plus gros morceaux qui l'attendent durant son mandat. Il s'agit, on l'aura deviné, du problème d'évacuation des eaux dans la capitale. Dès qu'il crachine, les rues deviennent des fleuves. Et comme hier il pleuvait des cordes pendant quelques heures, les automobilistes et les piétons ont dû braver un océan.
On a rêvé qu'il pleuve et les voeux ont été plus qu'exaucés. Il a plu en quelques heures la précipitation de plusieurs jours. C'est un bien pour un mal, étant donné que le barrage d'Andekaleka s'est un peu remis à flot, les rizières ont été réanimées, les puits ont été réapprovisionnés, mais la ville s'est immergée. Il est difficile de circuler dans certaines artères de la capitale plusieurs heures après la pluie. Le drame est que, dans la situation actuelle avec une urbanisation sauvage et anarchique, aucune solution n'est envisageable.
Le clientélisme électoral étant, la pauvreté aidant, aucun responsable n'ose procéder à la démolition de nombreuses constructions illicites, pourtant indispensables pour fluidifier l'évacuation des eaux. À preuve, parmi les sept candidats en lice lors des communales, aucun n'a osé aborder le problème. Aucun n'a pipé mot sur la nécessité d'établir un plan d'urbanisme réalisable et respectable. On peut ébaucher le meilleur plan du monde, il sera inutile si personne ne l'accepte et ne le respecte.
Les préoccupations semblent ailleurs alors qu'à ce rythme, Antananarivo sera à coup sûr dans l'eau pendant toute l'année, en été comme en hiver, qu'il pleuve ou pas. On n'en veut pour preuve que le cas d'Andravoahangy, baigné dans de l'eau nauséabonde toute la journée depuis plusieurs semaines.
Les solutions tape-à-l'oeil ne prennent plus. Les curages des canaux à la petite semaine sont complètement inefficaces. Il faut des travaux drastiques. Refaire les canalisations, revoir les égouts, démolir les constructions bâties sur les évacuations, agrandir les bouches des canaux rétrécies par les remblais et les bâtiments illicites...
C'est peut-être trop demander et c'est plutôt le contraire qui a été promis, aux marchands de rue, aux habitants des quartiers délicats, aux petits peuples... Or, le salut d'Antananarivo est à ce prix et seulement à ce prix. Si on continue à faire dans la demi-mesure, à ménager la chèvre et le chou, à faire la part du feu, rien ne changera.
La capitale a besoin d'une main de fer, des gants en acier, d'une volonté en béton, pour réussir son redressement. Le reste n'est que de la propagande qui n'engage que ceux qui y croient.