Madagascar: Élections - La participation des citoyens laisse à désirer

La campagne bat son plein, les élections se tiennent, les résultats sont publiés, et le taux de participation reste bas. C'est le constat qui découle des processus électoraux qui se sont déroulés depuis quelques années.

Un faible engouement. Les élections communales du 11 décembre confirment un fait : la majorité des électeurs boude les urnes.

Selon les chiffres provisoires publiés par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), le taux de participation aux élections communales et municipales, au niveau national, est de 48,79 %. En face, il y a donc plus de 51 % de taux d'abstention. Cette tendance abstentionniste des électeurs se confirme au fil des processus électoraux. La dernière fois que le taux de participation au niveau national a dépassé les 50 %, c'était durant le premier tour de la présidentielle de 2018.

Lors de la première manche de la course à la magistrature suprême de 2018, le taux de participation était de 53,95 %. Lors du second tour, il était descendu à 48,09 %. En termes de participation, tous les processus électoraux qui s'ensuivirent n'ont pas été plus fameux. Un taux de participation en dessous de 50 % reste faible. Ce que reconnait Dama Arsène Andrianarisedo, président de la Ceni, dans son discours en ouverture de la publication des résultats du premier tour de la présidentielle de 2023.

Pour la présidentielle de 2023, justement, le taux de participation était de 46,35 %. Certes, ce scrutin a souffert de l'appel au boycott par le collectif des onze candidats, mais il reste dans la dynamique des processus électoraux à faible taux de participation. Les législatives de juin 2024, qui ont vu un fort engagement des grosses écuries politiques et des candidats indépendants, ont, elles aussi, connu une déroute en termes de taux de participation.

Introspection

Pour les législatives de juin, le taux de participation était de 48,03 %. Bien que les techniciens électoraux et les observateurs s'attendaient à une hausse conséquente du nombre de votants aux communales et municipales, puisque ce sont des élections de proximité, rien n'y a fait. Le plus frappant est que les chiffres provisoires publiés par la Ceni, avant Noël, indiquent que ce sont les grandes villes qui concentrent le plus d'abstentionnistes.

Le taux de participation dans les six chefs-lieux de province oscille entre 23,85 % pour la commune urbaine de Fianarantsoa et 37,13 % pour la Commune urbaine d'Antananarivo. Pourtant, pour les municipales dans la capitale, par exemple, certains annonçaient que le grand duel entre la candidate de la coalition "Isika rehetra miaraka amin'i Andry Rajoelina" (Irmar) et celui du parti "Tiako i Madagasikara" (TIM) allait mobiliser l'électorat de ces deux entités politiques.

Que ceux qui voulaient briser le duel Irmar-TIM allaient voter massivement pour un des candidats qui se présentent comme des outsiders à Antananarivo. Les chiffres provisoires donnent tort aux prédictions sur le taux de participation. Dans le quartier des 67 Ha Nord-ouest, par exemple, deux bureaux de vote ont affiché trente-six et vingt-cinq votants. Dans les autres bureaux de vote visités durant le décompte des voix, tous ont eu de la peine à atteindre les deux cents votants sur plus de cinq cents électeurs inscrits.

Dans son allocution lors de la publication des résultats de la présidentielle en 2023, le président de la Ceni a essayé d'avancer une explication à la faible mobilisation des électeurs. Des appréhensions face au climat politique ambiant et des appréhensions, à tort ou à raison, concernant la légitimité des élections et des institutions électorales sont les deux points qu'il a avancés.

Par ailleurs, le faible taux de participation récurrent impose aux acteurs politiques de faire une introspection. Visiblement, soit les candidats, soit les offres politiques avancées, soit la qualité des débats politiques, ne conviennent pas aux citoyens. Lorsque ce ne sont pas les arguments contre la crédibilité d'une élection, ce sont les querelles partisanes, les polémiques futiles et stériles, ainsi que les attaques partisanes ou bien les shows qui dominent les débats.

Les idées et les questions de fond sont éclipsées. Il est cocasse d'entendre des acteurs politiques vociférer des opinions au nom de la population, alors qu'ils ne parviennent pas à convaincre ceux qu'ils considèrent comme étant "leur électorat" à aller voter massivement. Certains candidats ou listes de candidats n'ont même pas suffisamment de militants dans leur camp pour couvrir l'ensemble des bureaux de vote de délégués. Ceux qui s'affirment comme des éducateurs des citoyens y ont aussi leur part de responsabilité.

S'ils sont enclins à faire des déclarations à la moindre incartade, ils ont, jusqu'ici, échoué à expliquer aux citoyens que le vote est l'expression par excellence de la démocratie. Qu'il s'agit d'un acte citoyen. Que ne pas voter, qu'importe les arguments, c'est subir la dictature de ceux qui sont allés aux urnes et qui ont fait leur choix. Que le peuple confie ou retire son pouvoir au dirigeant par le vote, et non pas par un accord ou une convention politique taillée sur mesure. Ce qui est souvent le corollaire des querelles ou des crises politiques.

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