Au Mali, Issa Kaou N'Djim a été condamné ce 30 décembre 2024 à deux ans de prison, dont un ferme. Figure politico-médiatique malienne, il était poursuivi pour « offense commise publiquement envers un chef d'État étranger » et « injures par le biais de systèmes d'information ». Sur le plateau de Joliba TV, il avait mis en doute la crédibilité d'un supposé coup d'État déjoué au Burkina Faso. La chaîne malienne, après s'être vu retirer sa licence, a finalement été suspendue pour six mois. Quant à Issa Kaou N'Djim, déjà incarcéré depuis le 13 novembre dernier, il reste donc en prison.
Il a déjà passé un mois et demi derrière les barreaux. Issa Kaou N'Djim devra donc encore patienter 10 mois et demi avant de sortir de prison.
Son tort : avoir estimé que les images de ce que la télévision d'État burkinabè RTB présentait comme un flagrant délit de tentative de coup d'État avaient l'allure d'un « montage » - au sens de « mise en scène » - « même pas professionnel », visant à « détourner l'attention de l'opinion des vraies questions ».
« Je pensais que la liberté d'expression était un droit acquis au Mali depuis la révolution de 1991 », déplore son avocat. Maître Boubacar Soumaré rappelle qu'aucune insulte ni offense n'a été proférée par Issa Kaou N'Djim, et note que la peine prononcée - 1 an ferme et 1 an avec sursis - est supérieure à la réquisition du parquet (un an ferme), « ce qui était déjà très lourd », commente encore l'avocat. Maître Soumaré exprime sa « déception » et prévoit de faire appel.
« On veut le réduire au silence », commente un proche d'Issa Kaou N'Djim. « Même s'il change souvent d'avis, il dit ce qu'il pense, alors il gêne. »
L'opposition politique aux autorités maliennes de transition continue d'exiger la libération de nombreux « prisonniers d'opinion », condamnés ou détenus sans procès pour s'être montrés apparemment trop critiques.