Le président de la République tiendra un discours à la nation ce soir. Sauf changement, il fera un bilan de l'année qui s'achève et annoncera les chantiers et défis de la nouvelle année.
Des réponses face aux problèmes sociaux : c'est ce que l'opinion publique attend de l'allocution présidentielle ce soir. À l'instar des précédentes années, Andry Rajoelina, président de la République, tiendra un discours à la nation pour clôturer l'année. Sauf changement, il devrait également en profiter pour présenter ses voeux pour le nouvel an.
En principe, le chef de l'État devrait faire le bilan de l'année qui s'achève et faire part des défis et grands chantiers de celle qui va commencer. Lorsque les simples citoyens sont questionnés sur leurs attentes de l'allocution présidentielle, "des solutions face aux problèmes sociaux" est une réponse récurrente. Des réponses et des actions pour solutionner la crise de l'eau et de l'électricité sont le sujet qui a la cote auprès des personnes interrogées hier.
"J'espère que le président de la République donnera des solutions réalisables rapidement aux problèmes d'eau et d'électricité", répond Sophie Andrianirina, une mère de famille qui réside à Mahabo, dans la commune d'Andoharanofotsy. "Entre les coupures d'eau qui peuvent durer plusieurs jours et les délestages, cette année a été particulièrement éprouvante. Mon époux et moi sommes épuisés à force de nous lever au milieu de la nuit pour remplir les bidons d'eau. Enfin, lorsqu'il y a de l'eau", ajoute-t-elle.
À l'instar de plusieurs quartiers d'Antananarivo et de ses environs, celui de Mahabo fait partie de ceux qui souffrent de la pénurie d'eau. Des quartiers où le bidon d'eau s'achète au prix fort lorsque l'eau courante fait des siennes. "La question de l'eau et de l'électricité devrait être la priorité des priorités. Nous n'en pouvons plus. Lorsque ce n'est pas l'eau qui est coupée, c'est l'électricité, ou même les deux. J'espère que le Président aura des réponses à nous donner", lance Zo Ranaivinavalona, qui réside aux 67 hectares.
La sécheresse, qui s'est ajoutée aux problèmes de gouvernance de la Jirama et à la vétusté des équipements, a engendré une lourde crise sociale, avec des conséquences économiques. Comme le déplore Jacky Rasolofoson, coiffeur pour homme aux 67 hectares : "Je loue mon petit salon et, à cause du délestage, j'ai failli mettre la clé sous la porte. Heureusement qu'il y a les tondeuses rechargeables".
Coût de la vie
Les grandes entreprises, elles aussi, ont eu leur trésorerie sensiblement émoussée par les coupures de courant. Pour la plupart, l'achat de carburant pour faire tourner les groupes électrogènes est devenu une charge fixe. Toutefois, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Les vendeurs et réparateurs de groupes électrogènes ont fait de bonnes affaires cette année. Pareillement pour les dockers et tireurs de charrettes qui ont fait une reconversion professionnelle et sont devenus des livreurs d'eau à domicile.
"Grâce aux coupures d'eau, je me fais plus d'argent qu'avec la livraison de marchandises au marché. J'ai pu fidéliser des clients à qui je livre de l'eau chaque jour. J'achète le bidon d'eau entre 200 et 300 ariary, et pour chaque bidon que je livre, je gagne 3 000 ariary. Parfois, nous sommes deux ou trois à pousser une charrette remplie jusqu'à vingt bidons. Nous nous partageons l'argent après. On peut faire trois ou quatre livraisons par jour", narre Jean-Claude Rakotondravao, dit Racl, un charretier d'Andoharanofotsy.
Comme il n'a ni électricité ni eau courante chez lui, c'est sur un autre sujet qui touche aussi les ménages que Racl espère des réponses du président de la République dans son discours de ce soir. Il s'agit du coût de la vie. "Je reconnais qu'avec la livraison d'eau, j'ai des revenus plus réguliers et je gagne mieux ma vie et heureusement, puisque le coût de la vie ne cesse d'augmenter, comme le prix du riz", indique-t-il, en ajoutant : "Alors, quand vous me posez la question sur ce que devrait dire le Président, j'espère qu'il donnera des solutions face à la hausse du coût de la vie".
Les spéculations font qu'en période de fêtes, les prix s'envolent. Toutefois, une partie de l'opinion publique estime que cette récurrence économique pouvait être anticipée et balisée. Craignant d'éventuelles insuffisances des récoltes après la longue période de sécheresse, certains redoutent que les prix restent en l'état même après les fêtes. "Nous n'avons pas trop regardé dans les dépenses pour se faire un peu plaisir durant les fêtes, mais si la situation perdure, il faudra se serrer drastiquement la ceinture dès le mois prochain", avoue un couple de jeunes cadres approchés à leur sortie d'une grande surface de la capitale.
Il est probable que dans son discours de ce soir, le chef de l'État démarre par une présentation du bilan de l'exercice 2024. Il devrait ensuite aborder les défis, les grands rendez-vous et les grands chantiers de 2025. À s'en tenir aux témoignages des citoyens questionnés hier, l'opinion publique attend surtout que le président Andry Rajoelina apporte des solutions qui pèsent sur les ménages.