Au Sénégal, les associations féministes comptaient se retrouver ce mardi 31 décembre à Dakar pour organiser un sit-in nu. Les participant/es se seraient déshabillé/es. Mais les autorités locales ont interdit le rassemblement. Le collectif des Féministes du Sénégal, qui faisait partie de l'organisation, entend dénoncer l'ampleur des violences, souvent sexuelles, faites aux femmes et aux plus jeunes dans ce qu'elles estiment être une indifférence générale.
Selon l'OMS, au Sénégal, 27 % des femmes de 15-49 ans ont ainsi subi des violences physiques depuis l'âge de 15 ans. Aminata Mbengue, psychologue et membre du Collectif des féministes du Sénégal, explique les raisons de ce rassemblement au micro de notre correspondant Gwendal Lavina.
« On voulait dénoncer le mutisme des autorités sur la recrudescence des cas de viol et surtout de pédocriminalité. Il ne se passe pas un seul jour sans qu'on nous signale des cas de viols sur de très jeunes filles ou de très jeunes garçons.
Nous n'avons pas de vision sur ce que les nouvelles autorités comptent faire pour lutter contre la culture du viol au Sénégal, mais aussi pour l'application de l'article 14 du protocole de Maputo, que le Sénégal a ratifié depuis 2014. L'article en question prévoit d'autoriser l'avortement en cas de viol, en cas d'inceste, mais aussi quand la vie de la mère est en danger. »
Selon Aminata Mbengue, au Sénégal, du fait d'une « certaine culture liée à la masculinité », des personnes sont aussi « victimes de violences patriarcales de façon plus large » or « il n'y a pas en fait une ligne claire du gouvernement, du ministère de la Famille et des Solidarités pour sensibiliser sur les mécanismes de violence conjugale ».
Il existe depuis janvier 2020 une loi qui criminalise le viol et la pédophilie, mais les associations féministes interpellent encore régulièrement les pouvoirs publics sur l'impunité qui règne en la matière.