Afrique Centrale: Trafic organisé des monnaies locales vers la Chine

Pièces de monnaie obligataires (photo d'illustration)

La pénurie de pièces de monnaie en Afrique centrale a viré à une crise économique et sociale. En cause, un véritable trafic international où les pièces sont détournées, fondues, puis transformées en bijoux en Chine, qui a poussé la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC) à prendre des mesures drastiques pour contrer ce fléau.

Depuis plus de deux décennies, un réseau illégal opère dans les pays de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale, notamment le Cameroun, le Gabon, et le Congo, collectant des pièces locales pour les exporter clandestinement vers la Chine, où elles sont fondues et utilisées dans l'industrie de la bijouterie.

Ces pièces sont convoitées à cause de leur valeur intrinsèque en métal largement au-dessus de leur valeur faciale, rendant ce trafic extrêmement lucratif et rentable. Les bénéfices attirent des trafiquants et alimentent une chaîne d'approvisionnement bien rodée. Ce qui provoque une pénurie à des répercussions économiques et sociales ; une raréfaction des pièces qui affecte directement les échanges quotidiens, notamment pour les petits commerces et les consommateurs.

Faute de monnaie disponible, des solutions temporaires comme les bons d'achat et les avoirs ont émergé, mais elles restent inefficaces et fragilisent davantage l'économie régionale. Cette crise monétaire met également en danger la confiance des citoyens envers le système financier. Les perturbations engendrées ralentissent les transactions et amplifient les difficultés économiques dans une région déjà vulnérable.

Pour enrayer ce trafic, la BEAC a annoncé une série de mesures, notamment une nouvelle gamme de pièces (2025) fabriquées avec des matériaux non exploitables dans l'industrie de la bijouterie ; le contrôle renforcé de la distribution pour garantir que les pièces atteignent uniquement les opérateurs économiques autorisés. Au niveau des experts, il est suggéré de fixer une échéance pour l'échange des anciennes pièces, mais cette solution comporte des risques économiques si elle est mal planifiée.

Un trafic illégal qui reposerait sur une chaîne de responsabilités impliquant les acteurs locaux qui fournissent les pièces, des intermédiaires qui orchestrent les exportations et des acheteurs finaux en Chine qui alimentent la demande.

La lutte contre ce fléau nécessitera une collaboration régionale accrue et une surveillance renforcée pour dissuader les trafiquants et sécuriser la monnaie locale, indiquent les experts. Si les nouvelles pièces promises par la BEAC représentent un pas dans la bonne direction, il n'est pas garanti qu'elle suffisent à stopper ce commerce illicite. L'avenir économique de l'Afrique centrale dépendra de l'efficacité de cette stratégie et de la capacité des autorités à mettre en place des solutions durables.

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