Un baobab, un soleil, trois étoiles : l'alliance des États du Sahel possède désormais son logo officiel. L'AES s'est également dotée d'une devise : « Un espace, un peuple, un destin ». Ces nouveaux attributs de l'AES ont été validés et dévoilés lundi soir 30 décembre par les autorités militaires des trois pays, avec des communications officielles dans les médias d'État. Comment lire et comprendre ce logo et cette devise de l'AES ?
Le cercle orange, c'est le soleil chaleureux du Sahel. Sous les branches protectrices du baobab, symbole de vie et de force, des silhouettes expriment la diversité et l'union des populations. Les trois étoiles dorées représentent enfin les trois pays alliés : Mali, Niger et Burkina Faso. « Un espace, un peuple, un destin » : la devise de l'AES se veut fédératrice.
Réalité, voeu et utopie
« Dans l'absolu, c'est une très bonne chose, commente Soumaila Lah, coordinateur national à Bamako de l'Alliance citoyenne pour la réforme du secteur de la sécurité, sauf qu'historiquement, ces trois États, et particulièrement le Mali et le Burkina, ont eu des différends [les courtes guerres de 1974 et 1985 pour la bande frontalière d'Agacher, revendiquée par les deux États, NDLR]. Dire que c'est le même peuple et le même destin... je ne le pense pas ! ». « Il y a peut-être une volonté d'aller vers un même destin, ça, c'est possible, poursuit l'enseignant-chercheur et analyste politique malien, mais le même peuple... Les États, en leur sein, connaissent déjà des clivages entre les populations qui les composent, a fortiori au-delà de leurs propres frontières, donc la devise est quelque peu utopique. »
Une devise utopique qu'il s'agit peut-être dès lors de considérer comme un voeu : « C'est exactement cela, abonde Soumaila Lah, je vois plus cette devise comme un voeu que comme le reflet de la réalité historique et sociologique contemporaine de ces trois États. »
Message à la Cédéao
Aux populations de l'AES, cette devise et ce logo sont censés inspirer un sentiment d'appartenance et de fierté.
Mais le message envoyé dépasse les frontières du Sahel central. « Au-delà des populations, le message envoyé s'adresse surtout à la communauté internationale et notamment à la Cédéao, analyse encore Soumaila Lah. La Cédéao joue son va-tout pour que les trois États restent en son sein. Ce message est de nature à conforter les positions des autorités de ces trois pays, sur leur volonté de quitter la Cédéao. »
Les trois pays de l'AES ont également formalisé la création d'une radio et d'une télévision officielles qui seront accessibles sur internet, à une date qui n'a pas encore été annoncée. L'objectif affiché des trois régimes militaires putschistes est de « contrer la désinformation ».