Sénégal: Rétrospective Société/ Inondations à Matam - Immersion dans un tumulte de désagréments et d'attentes

31 Décembre 2024

En 2024, le fleuve Sénégal, en crue, a débordé de son lit, semant la désolation et le sinistre avec une destruction massive des habitations, des pertes en vie humaine ainsi que la perte de récoltes et de biens.

Un chaos infernal, qui n'a pas épargné les périmètres rizicoles, les édifices publics, les routes et les ponts. Tout un drame qui a forcé des milliers de personnes à quitter leur concession dont les bâtiments se sont effondrés ou endommagés par les eaux. Face aux désagréments, la liste des attentes est aussi longue que le fleuve Sénégal.

Dans la région de Matam, plusieurs villages riverains du fleuve Sénégal ou situés à proximité, ont fait face, cette année, à des situations d'inondations catastrophiques qui ont engendré des dégâts importants qui ont conduit au déplacement de milliers de familles sans abris, à l'engloutissement de périmètres agricoles et de champs promettant de bonnes récoltes.

Le malheur, voulant qu'en plus des biens matériels, du bétail et de la volaille, fortement impactés, les vivres aussi, n'aient pas échappé à la calamité. De même que, certaines infrastructures publiques, établissements scolaires, postes de santé, ainsi que des routes et des ponts qui ont été submergés par les eaux. Tout un désarroi, qui a contraint des habitants de plusieurs localités devenues des lacs à utiliser la pirogue dans leur village ou de braver des eaux tumultueuses pour se déplacer.

A ce jour, lorsqu'on prend en considération, les différentes complaintes, il est difficile de se prononcer avec précision, sur l'étendue des dégât et le nombre de personnes affectées. Même si des mesures d'urgence ont été déroulées par l'Etat en guise de secours, d'évacuation et notamment d'assistance corrélées à la visite de plusieurs délégations gouvernementales en présence des autorités administratives, les attentes des populations impactées sont considérables.

Beeli Dialo, décor frémissant d'une vie précaire

Le village de Beeli Diallo, situé dans la commune d'Ogo, s'érige douloureusement en cas d'illustration, d'une localité impactée, dont des habitants ont toujours du mal à sortir du désarroi qui les contient. Plus de trois mois après les inondations, les vestiges de l'intempérie qui ont détruit des maisons et dévasté des vivres et des biens, sont visibles. La crue du fleuve a occasionné le sinistre de Vingt- quatre (24) familles des habitants du village qui se trouvent toujours sur un site de recasement, au gré du vent et de la poussière et surtout du froid, sous des huttes de fortune construites avec des branchages, de la paille et des morceaux de tissu.

Au niveau du site, dans une solidarité agissante, les sinistrés se partagent tout, jusqu'aux repas qui sont pris sous les arbres. En attendant la reconstruction de leurs habitations qui tarde toujours à se réaliser, les recasés, ont entre temps repris leurs activités autour de la pêche, de l'agriculture, de la vente de bois et la vente de poissons pour les femmes.

« Face à cette nouvelle vie, on s'est fait une religion de la situation, en mettant en avant la cohésion et l'entente. Nous partageons, tout, comme vous pouvez le voir », fait savoir Mariama, une mère de famille de six enfants. Vendeuse de poissons, elle n'est pas partie travailler ce matin. C'est son tour de rester, surtout pour les tout-petits du village qui ne vont pas à l'école. D'autres femmes s'occupent des repas et les hommes sont partis à la pêche ou au champ.

A quelques mètres, son voisin de case s'active à ranger des fagots de bois... Chef de la famille Sy, Mamadou, a toujours du mal à cacher son émotion suite à la perte de sa maison qui a été détruite par les eaux avec ses vivres.

Pour faire face aux charges de sa petite famille, il s'active dans la vente de bois, une activité intermédiaire qu'il a choisie, après les inondations qui ont épargné son cheval, sa charrette et son chien couché à côté de l'amoncellement de fagots devant sa demeure de fortune...

Non loin de là, malgré la poussière et le froid qui enveloppent le site, des enfants s'adonnent à un jeu traditionnel, de course poursuite, suivis de loin par les tout-petits blottis dans les branchages des huttes.

Un décor frémissant dans lequel se contient l'espace de recasement de Beeli Dialo qui se distingue, toutefois, de par la solidarité et la sociabilité de ses habitants qui luttent chaque jour, pour s'adapter à leurs nouvelles conditions de vie.

A quelques encablures du nouvel an, ils continuent de résister, d'avoir foi à un meilleur avenir, non sans se lamenter, toutefois, que « les promesses qui avaient été faites ne soient toujours pas satisfaites », surtout celles portant sur la reconstruction de leurs habitations dévastées par les eaux.

Mamadou Abdoulaye Camara, le chef du village, qui porte leurs voix, juge qu'aux regards de la situation de précarité dans laquelle se trouvent les sinistrés, ces différentes attentes s'inscrivent dans l'urgence.

La situation décrite à Belli Dialo, traduit dans une commune mesure, « la vie dure des populations riveraines du fleuve Sénégal, impactées », après l'immersion de leur localité. Sur le registre des désagréments, la liste des attentes est aussi longue que le fleuve Sénégal.

Rien que pour la riziculture, plus de 700 hectares dévastés par les eaux ont été recensés par la Société d'aménagement et d'exploitation des terres du delta du fleuve Sénégal (Saed) dans la région de Matam.

Au décompte final, plus de 1000 producteurs rizicoles ont été impactés de l'avis des officiels de la délégation...

En termes d'appui au secteur agricole, 374 tonnes d'intrants (semences, engrais, produits) ont été remis aux producteurs des départements de Matam et de Kanel, impactés par la montée des eaux du fleuve Sénégal. Dans la même dynamique, le Projet de résilience et de développement communautaire de la vallée du fleuve Sénégal (PREC-FVS) a aussi remis un don d'intrants agricoles, de tentes et de denrées alimentaires à huit communes de la région de Matam. Cet appui comprend des semences, surtout de riz, mais aussi de sorgho, de niébé, ainsi que des pesticides, herbicides, de l'engrais et 110 groupes motopompes (GMP) pour les agriculteurs.

Un pas franchi dans le tumulte des attentes de milliers de sinistrés, parmi lesquelles, le relogement, l'assistance en vivres, l'équipement l'accompagnement orienté sur la résilience, (la liste n'est pas exhaustive), demeurent plus que nécessaires

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