800 millions de livres sterling par an, soit environ Rs 45 milliards, pour le bail de Diego Garcia, ainsi que des milliards en réparations. Pour la première fois depuis l'accord du 3 octobre entre le Premier ministre (PM) sortant, Pravind Jugnauth, et le PM britannique, Keir Starmer, des chiffres relatifs aux négociations entre Maurice et le Royaume-Uni sur la souveraineté des îles Chagos - chiffres non officiels - ont été divulgués dans un journal britannique.
Dans un article publié samedi et repris largement par la presse britannique, The Times cite une source «familiar with the talks», qui révèle : «They wanted crazy money. They were talking £800 million a year for as long as we wanted to keep the base there, plus billions of pounds in reparations» Le journal se montre toutefois prudent en précisant qu'à ce jour, les chiffres officiels restent confidentiels. De poursuivre que le gouvernement conservateur précédent avait rejeté ces conditions et qu'il reste incertain combien le gouvernement travailliste actuel aurait accepté de payer ou quelle part du fardeau financier serait assumée par les États-Unis.
En revanche, il écrit que ce qui est clair, c'est que le coût final pour le Royaume-Uni risque d'augmenter davantage au fil des négociations rouvertes avec la contreproposition du gouvernement de Navin Ramgoolam, insatisfait - et il l'a aussi fait savoir au secrétaire d'Etat américain sortant Anthony Blinken - du deal conclu par Pravind Jugnauth à la veille de la dissolution du Parlement, en marge des dernières législatives du 11 novembre dernier. «In any case, Jugnauth lost in a landslide to Ramgoolam. It did not help Britain either, since Ramgoolam is now demanding more money», peut-on y lire.
Confronté par l'express à ces chiffres étalés dans la presse britannique, le bureau du Premier ministre (PMO) les a démentis. Un préposé proche du dossier Chagos au bâtiment du Trésor, rejette en bloc ce que des politiciens britanniques veulent faire croire et rétorque que «ce n'est pas juste une question d'argent, mais de souveraineté». Il fait ressortir que la revendication mauricienne est basée sur trois critères. D'abord, «la souveraineté de l'ensemble de l'archipel des Chagos incluant Diego Garcia». D'ailleurs, lors d'une conférence de presse, Navin Ramgoolam a déjà fait valoir que «pa kapav lokater pe vinn proprieter».
Deuxièmement, les discussions portent aussi sur la durée du bail de Diego Garcia. Dans l'accord Jugnauth-Starmer, le Royaume-Uni conserve un bail de 99 ans sur Diego Garcia, le joyau de la couronne, soit la plus grande des îles Chagos qui abrite une base militaire cruciale pour les Américains. «Le troisième critère comprend aussi les finances et on fait bien ressortir qu'ils ont illégalement démembré l'archipel des Chagos depuis 1965», soutient le préposé. Il enchaîne aussitôt que le jour où il y aura un accord, il devra également être basé sur «l'inflation que l'ancien régime qui avait une vision à court terme, n'a pas pris en compte pour les premiers dix ans. Ils ont fait croire, y compris aux Américains qui ont été mal briefés, qu'ils allaient remporter les élections».
Aux dernières nouvelles, l'hôtel du gouvernement semble détenir des indications que le président élu américain Donald Trump viendra remettre en question pas mal de choses, surtout après ses voeux de Noël très spéciaux sur le Panama. Celui qui prendra ses fonctions à la Maison Blanche le 20 janvier et qui a récemment menacé de reprendre le contrôle du canal de Panama si les prix de péage des navires américains n'étaient pas réduits, a eu ceci parmi ses souhaits : «Joyeux Noël à tous, y compris aux merveilleux soldats chinois qui exploitent avec amour, mais illégalement, le canal de Panama.»
En tout cas, en ce qui concerne l'accord politique sur la souveraineté des Chagos, la revendication mauricienne du gouvernement de Navin Ramgoolam se veut «dans l'intérêt de Maurice à long terme». Un accord solidement négocié basé sur la souveraineté, la durée du bail et les finances. «C'est Maurice qui doit sortir gagnant et non les Britanniques et les Américains», fait-on comprendre à l'hôtel du gouvernement.
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Pravind Jugnauth : «Nou pou gagn par miliar roupi»
L'on se souviendra que durant la dernière campagne électorale, Pravind Jugnauth a plus d'une fois, affirmé «qu'avec Diego Garcia, nou pou gagnn par miliar roupi pou nou fer bann developman dan nou pei». Un discours qu'avait aussi tenu, pendant cette période, Alan Ganoo, un autre leader de l'Alliance Lepep.