En Guinée, l'opposant Aliou Bah retourne en prison. Après son ouverture ce mardi matin 31 décembre à Conakry, le procès du président du parti MoDeL (Mouvement Démocratique Libéral) est renvoyé à jeudi prochain 2 janvier. Aliou Bah a été arrêté la semaine dernière à la frontière sierra-léonaise alors qu'il se rendait à la capitale Freetown. L'opposant est poursuivi pour « offense et diffamation envers le chef de l'État », le général Mamadi Doumbouya. Aliou Bah est une des voix politiques les plus critiques de la junte du CNRD et de la conduite de la transition. Il dénonce un procès politique et rejette en bloc les accusations portées contre lui.
C'est avec des extraits des nombreuses vidéos publiées sur ses réseaux sociaux que le ministère public justifie les poursuites contre Aliou Bah.
Durant cette première audience, le tribunal de première instance de Kaloum a diffusé les vidéos concernées, dans lesquelles l'opposant dénonce les kidnappings en série, ainsi que le silence des guides religieux sur la répression généralisée en Guinée.
Mais selon ses avocats, aucun propos offensant ou diffamatoire contre le président Mamadi Doumbouya n'a été prononcé par Aliou Bah. Me Pépé Antoine Lamah considère ce procès comme « une cabale pour faire taire (son client) en utilisant le fallacieux prétexte d'offense au chef de l'État ».
L'avocat parle d'un procès politique et d'une « détention arbitraire » de son client, en expliquant que plusieurs dysfonctionnements entachent la procédure judiciaire, et ce, dès l'arrestation de l'opposant.
La défense d'Aliou Bah ne voit pas d'autre issue que sa « relaxe pure et simple » jeudi prochain.
On lui reproche des offenses au chef de l'État parce qu'il aurait dit que l'État est responsable des disparitions forcées et des kidnappings, mais aussi que les leaders religieux ont une certaine responsabilité morale à rappeler aux décideurs et aux dirigeants leurs obligations de protéger les citoyens dans le contexte actuel des kidnappings. Dans l'entendement du ministère public, l'offense, c'est de dire que si les dirigeants sont responsables et l'État est responsable, ça veut dire que monsieur Aliou Bah accuse le président ou le général Mamadi Doumbouya, président de la Transition, d'être responsables de kidnappings.
C'est un peu la logique du ministère public. Monsieur Aliou Bah, dans les différentes vidéos qu'ils ont produites de façon objective, il ne fait que dire des vérités sur le fonctionnement du pays, sur le contexte actuel de crise, de peur et même de contexte de répression. Il met le doigt là où ça fait mal, dire des vérités et injurier font deux. Donc, je crois que le ministère public se trompe totalement sur la qualification juridique des faits qu'on lui reproche parce que à aucun moment on entend de propos outrageants ou en tout cas offensants. Pour son avocate Me Halimatou Camara: Monsieur Aliou Bah «ne fait que dire des vérités sur le fonctionnement du pays»