Il n'y a rien de plus fort que le lien qui unit une mère et ses enfants. Et au sein d'une famille, perdre ces deux êtres à la fois ne peut que ravager les autres membres. C'est dans un tel désarroi que se retrouvent les proches de Bibi Massoom Neeroo, 79 ans, et de son fils, Mohammed Sidick Neeroo, 46 ans. Ces deux habitants de Maisonnette Road, Rivière-des-Anguilles, ont tragiquement perdu la vie dans un grave accident de la route survenu le lundi 30 décembre.
Le drame s'est produit sur la route Royale à Rivière-duPoste aux alentours de 12 h 10. La voiture que conduisait Sidick Neeroo, une Suzuki de couleur blanche et dans laquelle se trouvait sa mère, et la Volvo que conduisait un habitant de Centre-deFlacq, âgé de 52 ans, sont entrées en collision et ont été lourdement endommagées. Alertés, les policiers de Grand-Bois ainsi que le personnel du Service d'aide médicale urgente et les pompiers de la station de Rose-Belle se sont rendus sur le lieu. Les victimes, grièvement blessées, ont alors été extirpées de leur véhicule avant d'être conduites en urgence à l'hôpital Jawaharlal Nehru, à Rose-Belle.
Si dans un premier temps, mère et fils avaient été admis au sein de l'établissement hospitalier, Massoom Neeroo, dont l'état de santé inspirait de vives inquiétudes, a été la première à y avoir poussé son dernier souffle. La septuagénaire a rendu l'âme à l'unité de soins intensifs aux alentours de 16 heures et l'autopsie pratiquée, dans la soirée, par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médicolégal, a attribué son décès à de multiples blessures. Son fils, Sidick, l'a rejoint seulement huit heures plus tard. Le quadragénaire, qui se trouvait en salle, a été déclaré mort par le personnel médical de l'hôpital à 2 h 45 au matin du mardi 31 décembre.
Narmeen Neeroo est dévastée. Elle n'aurait pas imaginé une seule seconde qu'elle perdrait à la fois sa mère et son frère à l'aube de la nouvelle année. Elle raconte péniblement avoir appris le décès de son frère Sidick durant la nuit alors que ses proches et elle s'affairaient à préparer l'enterrement de sa mère. Ils ont dû tout réorganiser afin que les funérailles des deux victimes aient lieu en même temps. C'est avec le coeur chargé de chagrin et la voix cassée par l'émotion que Narmeen décrit la relation qu'entretenait son frère et sa mère. Elle précise d'ailleurs que tous deux se rendaient à l'hôpital lorsque l'accident s'est produit. «Se mo frer ki ti pe guet nou mama. Li pa ti marye e limem ti pe fer tou pou li. Li ti pe okip li ekstra bien. Hier mama ti malad et li ti pe amenn li en urgence lopital ler sa dram-la finn arive.»
Narmeen se souvient que son frère taquinait toujours leur mère au sujet de la mort. Elle raconte que tous deux étaient si proches que le quadragénaire refusait de se faire à l'idée de vivre sans sa mère. «Nou papa inn mort fer 21 an. Sidick tousel ti ress ek mama, mwa monn grandi ek mo poupou. Li ti abitie dir ek mama, Ma, mo pou al avan ou, ou mo pou al ansam ar ou parski mo pa pou kapav viv san ou. Kan ou pou ale mo pou vin deryer ou.» C'est à travers une cousine que Narmeen a été informée du drame. Si les médecins l'avait prévenue que l'état de santé sa mère été jugé sérieux (elle a eu les deux pieds fracturés en plusieurs morceaux, le coeur et les poumons perforés), la jeune femme gardait l'espoir que son frère s'en remettrait. Mais le destin, dit-elle, en a hélas décidé autrement.
Les funérailles de Massoom et Sidick Neeroo ont ainsi eu lieu hier après-midi au cimetière de Camp-Diable.