Dans un rapport intitulé « Cameroun - Extrême-Nord : Indice de solution et de mobilité », réalisé sur la base d'une enquête effectuée en juin, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) analyse la vulnérabilité face aux aléas climatiques des populations de cette région également en proie aux violences de groupes armés. Explications.
De 2014 à 2024, dix ans de violences liées aux attaques de groupes armés (ex-Boko Haram) dans la région de l'Extrême-Nord du Cameroun et à ses frontières, combinées à des conflits communautaires et à des catastrophes climatiques, ont modifié la répartition de la population sur ce territoire : déplacés internes de courte ou de longue durée (environ 450 000, selon derniers chiffres), réfugiés venus des pays voisins installés hors des camps (donc dans des localités)...
Pour mieux adapter la réponse humanitaire, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a mené une enquête de terrain en juin 2024 pour évaluer les besoins. Parmi les constats, à l'échelle régionale, à côté de la question sécuritaire, la vulnérabilité face aux aléas climatiques représente aussi un défi crucial pour la stabilité des populations.
Un faible niveau de résilience et d'adaptation face aux catastrophes climatiques
L'OIM a collecté des informations dans plus d'un millier de localités et sites d'accueil d'urgence dans la région de l'Extrême-Nord. Et, globalement, le niveau de résilience et d'adaptation face aux catastrophes climatiques est faible : vents violents, inondations fluviales ou pluviales touchent chaque année plusieurs départements de la région, au moins une fois par an, provoquant d'importants dégâts sur les infrastructures et la production agricole.
En octobre dernier, les pluies torrentielles et la crue de cours d'eaux ont ainsi affecté 460 000 personnes, inondant des dizaines de milliers d'hectares de terres cultivables. Or, dans 69 % des localités où l'OIM a enquêté, les comités communautaires de réduction des risques soit n'existent pas, soit ne sont pas connus des habitants. Dans 75 % des localités, aucun exercice de simulation n'est par ailleurs organisé pour sensibiliser les habitants aux réflexes à adopter en cas de catastrophe naturelle, soulignant le besoin d'investir dans l'adaptation au changement climatique pour limiter les déplacements de population, et ce dans un contexte marqué par des défis sécuritaires et où le niveau d'accès aux services sociaux de base est insuffisant pour la région de l'Extrême-Nord. La deuxième région la plus peuplée du Cameroun, selon le dernier recensement officiel de 2005.