On ne peut aborder la nouvelle année 2025 sans passer en revue quelques étapes marquantes du secteur de l'éducation.
L'année 2024 est exceptionnelle à plus d'un titre, nous semble-t-il.
En une seule année, le siège du ministère de l'Education de l'avenue Bab-Benat a vu défiler trois locataires. Chacun, à sa manière, a voulu marquer de son empreinte ce court passage.
En effet, Mohamed Ali Boughdiri, nommé en janvier 2023 à la tête du ministère, va céder son poste à Saloua Abbassi en avril 2024, sachant que Mohamed Boughdiri avait, lui-même, succédé à M. Fethi Sellaouti en poste depuis août 2020.
À titre de rappel, Boughdiri est un syndicaliste qui n'a pas caché son opposition à la ligne officielle de la direction de l'Ugtt et qui a mis en cause sa légitimité.
Dès le début de son mandat, il a été confronté aux nombreux problèmes qui caractérisaient le secteur dont, notamment, les répercussions des actions de boycott du travail administratif et de la rétention des notes. Mais, il faut noter qu'en février dernier, il avait remis au Chef de l'État les premiers résultats de la consultation sur la réforme de l'enseignement.
On en est, aujourd'hui, à ce que l'on pourrait qualifier de dernières retouches avant la mise sur pied du Conseil supérieur de l'éducation et de la formation professionnelle.
L'autre fait marquant du mandat de M. Boughdiri serait, à n'en point douter, la révocation de près de 300 directeurs d'établissements scolaires pour refus d'appliquer les consignes ministérielles concernant la remise des notes aux élèves. C'est ce qui a créé une vive tension avec les syndicats et laissé planer des doutes sur l'issue de la rentrée scolaire 2024-2025.
C'est pour cette raison, entre autres, que le Chef de l'État a pris les devants et nommé une nouvelle ministre en la personne de Mme Saloua Abbassi. C'était le 25 août de cette année lors d'un remaniement ministériel.
Les mêmes dossiers
Parmi ses premières décisions, il faut mentionner l'annulation des mesures prises par son prédécesseur concernant les chefs d'établissements révoqués.
Elle satisfaisait, ainsi, les exigences des syndicats. Sur un autre plan, elle annonçait la régularisation, à tour de bras, de la situation de plusieurs enseignants suppléants tout en indiquant qu'elle s'investissait pleinement dans la «lutte contre la corruption» et les diplômes falsifiés. Selon elle, une centaine de de cas auraient été découverts.
Mais la goutte qui a fait déborder le vase, c'est la circulaire du 23 juillet 2024 relative aux facilitations de la mission des inspecteurs de l'enseignement secondaire. C'est ce qui a déclenché une réaction vive de la part des syndicats.
Ces derniers jugent que cela est de nature à ouvrir la voie devant des abus et empiéterait sur les attributions des autres intervenants dans l'opération éducative.
Pour sa part, le ministre actuel, Noureddine Nouri, qui a pris ses fonctions un peu plus d'un mois avant la rentrée scolaire, s'emploie à remettre de l'ordre dans un secteur qui souffre de multiples dysfonctionnements.
Voulant marquer son territoire, il a procédé à un mouvement dans le corps des commissaires régionaux à l'éducation, le 28 octobre 2024. De plus, Il a sur les bras, quasiment, les mêmes dossiers : l'interminable feuilleton des suppléants qui revendiquent encore leur régularisation malgré des accords convenus, les contestations des syndicats à propos d'anciennes demandes...
À cela sont venues s'ajouter des mesures restrictives portant sur les cours particuliers et les smartphones.
Interdictions
En effet, coup sur coup, le ministre a réactivé l'interdiction des cours particuliers en dehors de l'enceinte éducative ou en dehors du cadre réglementaire organisant ces cours. Comme d'habitude, l'effet escompté tarde à se manifester. D'ailleurs, le ministère ne dispose pas des moyens lui permettant de contrôler les contrevenants.
En outre, l'interdiction des smartphones qui a été réclamée par la majorité des enseignants et des syndicats risque de faire long feu pour les mêmes raisons que l'interdiction des cours particuliers. A savoir le personnel outillé pour mettre en oeuvre ces mesures. L'arsenal juridique pour les couvrir n'existe pas. Des dérives ou des dérapages de part et d'autre sont à craindre.
Mais, dans tous les cas, ces restrictions jettent un froid dans les rapports entre les différents intervenants et créent un climat de tension continu. Il faudra, alors, savoir le gérer et le contenir.
Le dernier pavé dans la mare concerne la récente décision du ministère de l'Education de tenir les conseils de classe du premier trimestre en dehors des heures de cours. Soit après 18 h. Une affaire à suivre, notamment, après le refus ferme de la Fédération générale de l'enseignement secondaire.
Quant au dossier des suppléants, il refait surface avec le rassemblement, il y a quelques jours, devant le siège du ministère. Ces enseignants se plaignent de la non-application des accords conclus et le non-paiement de ce qui avait été convenu.
Ils laissent planer les menaces d'un boycott de la rentrée scolaire post-vacances d'hiver.