Rien n'arrête l'ancien Président guinéen, Alpha Condé, qui n'a jamais admis sa chute, suite à un coup d'Etat, le 5 septembre 2021. Trois années ont beau passé, ce docteur en Droit public de 86 ans se considère toujours comme le chef de l'Etat guinéen. Il en a encore donné l'illustration, en publiant, le lundi 30 décembre, un discours à l'occasion de la nouvelle année 2025 sur sa page Facebook certifiée.
L'ex-chef de l'Etat guinéen n'a pas fait de cadeau à son tombeur, le général d'armée, Mamadi Doumbouya, dont il a encore vertement critiqué la gouvernance. « Trop de Guinéens et Guinéennes militaires et civiles ont été victimes de privations injustifiées de liberté, de disparitions forcées et d'assassinats crapuleux. Les tentatives d'intimidation pour effrayer le vaillant peuple de Guinée qui menacent notre cohésion sociale, minent les fondements de notre nation, sont néanmoins voués à l'échec », a-t-il affirmé dans son adresse, s'interrogeant par ailleurs sur le temps qu'il faudra encore pour supporter cette « insécurité » et cette « gabegie incommensurable ».
Accusant le Gal Doumbouya d'usurpation de pouvoir démocratique, Alpha Condé a appelé ses compatriotes à défendre leur pays, car « ils méritent mieux ».
Ce n'est pas la première fois, que l'ancien homme fort de Guinée, qui séjournerait dans un pays africain où il fait des va-et-vient en Turquie, fait une sortie médiatique de ce genre. Alpha Condé en a déjà fait plusieurs, assumant désormais son statut de trouble-fête, alors que certains observateurs le voyaient s'éloigner de la vie politique après son départ forcé du pouvoir.
Même si la Transition conduite par le Gal Doumbouya suscite des interrogations et de la polémique, tant sa trajectoire n'est pas clairement définie, l'ex-chef de l'Etat ne saurait se soustraire de la situation actuelle de la Guinée. L'éternel opposant, qu'il est, a plutôt travaillé à fouler au pied les principes démocratiques, défendus au prix de sa vie, une fois au pouvoir. Alors qu'il avait redonné espoir aux Guinéens à son accession aux affaires, Alpha Condé s'est révélé par la suite comme une sorte de dictateur, allant jusqu'à « se taper » un 3e mandat qui a entrainé sa chute.
La justice guinéenne est d'ailleurs à ses trousses, pour des faits d'assassinats, d'actes de tortures, de corruption, de blanchiment de capitaux et d'enrichissement illicite, notamment.
Autant le dire, Alpha Condé doit des comptes à son propre pays, qu'il n'a pas encore soldés, pour prétendre jouer à la victime.
Peut-il alors donné des leçons au Gal Doumbouya, même si la gouvernance de celui-ci n'est pas exempte de tout reproche ? Alpha Condé doit se rendre à l'évidence, que sa page a été bel et bien tournée et souhaiter le meilleur pour la Guinée qui recherche toujours ses marques sous l'ère Doumbouya. La fin de la Transition qui était prévue au 31 décembre 2024, ne sera visiblement pas respectée ; ce qui irrite le collectif des forces vives de Guinée.
Cette structure qui exige le rétablissement d'un ordre constitutionnel normal, ne soupçonne-t-elle pas à tort ou à raison le Gal Doumbouya de vouloir confisquer le pouvoir ? On le voit, la situation sociopolitique en Guinée n'est pas des plus appréciables, à telle enseigne que son avenir inquiète. Il faut tout de même espérer que l'année 2025 donne à voir des jours plus confiants.