Bals populaires, ambiance chic, rassemblement pieux, fêtes familiales... il y a eu un peu de tout pour cette Saint-Sylvestre 2024 à Tananarive. Avec un arrière-goût de frustration collective.
Tananarive se compartimente ces derniers temps lors du réveillon, celui de cette année n'a pas dérogé à la règle. Analakely et plus en hauteur, Antaninarenina restent les points névralgiques à minuit, avec les coups de klaxons et les cris de liesse envahissant l'avenue de l'Indépendance. « Nous sommes en famille, ici, l'ambiance ne changera jamais. Il y a presque tous les Malgaches », se réjouit Lalaina Rasolojaona, une mère de famille.
Ensuite, il y a le Tananarive des messes. « Nous sommes ici chaque année, les enfants ont grandi. Certains sont restés avec nous, d'autres sont restés faire la fête chez nous dans notre quartier », fait savoir Faniry Tsiferana, quinquagénaire venu se recueillir avec son épouse et ses enfants dans un rassemblement d'une secte à Mahamasina. La fête a été à la fois dans les rues, dans les chaumières et les salles d'apparat de la capitale et ses périphéries. Petite mention pour les petites salles, une nouvelle donne dans le paysage du réveillon de la ville des Mille. Ayant les moyens, les familles aisées préfèrent louer un lieu juste capable de contenir une quarantaine de personnes.
Les poussettes sont de rigueur et les grands dans un cadre sécurisé peuvent jouir des vêpres et de la bombance. La traditionnelle Saint-Sylvestre du Carlton Anosy avec « Golden New Year » et de l'hôtel Colbert Antaninarenina ont rassemblé les habitué(e)s. Le Tananarive des riches, avec les tickets d'entrée à 150 000 ariary minimum, s'est tout de même amusé. Les organisateurs doivent remercier la météo. Le Grand Hôtel Urban du quartier huppé d'Ambatonakanga a été l'un des plus animés avec Rim-Ka sur scène.
Tout comme l'« Eusébia Birthday » au Jao's Pub Ambohipo, le quartier le plus fêtard de Tananarive s'est quelque peu assagi cette année. Dans les quartiers populaires, bals populaires et bagarres ont émaillé certains rassemblements. « Les gens sortent toutes leurs frustrations sociales cumulées de ces années, pauvreté, vie chère et tout ça. En quelques jours, les prix du riz, de la viande, des produits ont augmenté. Sans parler du délestage, du chômage. Forcément, ça dégénère », analyse Hanta Randriamalala, une habitante du quartier d'Ambohidroa. Alcool coulant à flot et musiques à fond, ces lieux décomplexés servent de pouls des festivités du réveillon et de baromètre de la classe majoritaire.