Sénégal: Mgr Jean Baptiste Manga à Diongol pour la paix en Casamance - « C'est dans la mémoire que se construit la réconciliation »

Mgr Jean Baptiste Valter Manga, évêque du diocèse de Ziguinchor a lancé un appel solennel lors de la journée de prières pour la paix en Casamance hier, 1er janvier dans la localité de Diongol dans le département de Bignona, à toute la population de cette région ainsi qu'aux autorités étatiques à œuvrer pour une paix durable. Selon le guide religieux, « la paix n'est pas seulement l'absence de conflits armés mais aussi le respect mutuel, la justice pour tous, la possibilité donnée à chaque citoyen, chaque enfant, de rêver et de bâtir un avenir sans crainte. La paix, c'est aussi la capacité de pardonner, de tourner la page sans jamais oublier, car c'est dans la mémoire que se construit la réconciliation ». Une sortie qui entre dans le cadre du calendrier de son diocésain à consacrer la date du 1er janvier la paix accompagné dans cette démarche des autres confréries ont tenu à y prendre part.

Le village de Diongol dans le département de Bignona, une localité affectée par le conflit en Casamance a accueilli hier, mercredi 1er janvier la journée de prière pour la paix, présidée par Mgr Jean Baptiste Valter Manga, évêque de Ziguinchor. Cette journée a aussi vu la présence des autres religions venues à ses côtés prié pour la paix en Casamance, trop longtemps souffert de la guerre. Pour Mgr Valter, « pendant des décennies, des familles ont été déchirées, des communautés fragilisées, et nos terres, autrefois fertiles et prometteuses, ont souffert du poids de la violence. Aujourd'hui, nous sommes conscients que la guerre est un frein au développement, nous refusons donc de léguer aux générations futures le fardeau du conflit.

Nous choisissons la paix pour marcher résolument vers une Casamance prospère ». Dans cette quête à une paix définitive dans cette région, Mgr Manga a invité les autorités civiles, militaires, religieuses, coutumières à oeuvrer pour cette cause. De son avis, la paix n'est pas seulement l'absence de conflits armés mais elle est aussi le respect mutuel, la justice pour tous, la possibilité donnée à chaque citoyen, chaque enfant, de rêver et de bâtir un avenir sans crainte.

Dans cette optique, Mgr Jean Baptiste a déclaré : « la paix, c'est la capacité de pardonner, de tourner la page sans jamais oublier, car c'est dans la mémoire que se construit la réconciliation ». Et d'ajouter : « aujourd'hui, nous avons une occasion unique de réaffirmer notre détermination à bâtir une Casamance nouvelle. Une Casamance où les différences sont une richesse et non une source de division, où chaque homme, chaque femme et chaque enfant peut marcher sans peur, semer sans douter, récolter avec espoir ».

Mgr Manga a aussi profité de l'occasion pour lancer un appel solennel à tous les acteurs : « aux autorités, aux leaders traditionnels et religieux, aux organisations de la société civile, et à vous, chères populations à œuvrer pour une paix durable. La paix est une oeuvre collective, elle ne peut être imposée par un seul, mais construite par tous. Engageons-nous ensemble à renforcer le dialogue, à panser les blessures et à promouvoir le développement. Ensemble, nous pouvons transformer nos champs de bataille en champs de cultures, nos silences en chants d'espoir ».

Et d'attester : « en cette année Jubilaire, le Pape François, nous invite dans sa lettre intitulée « Spes non confundit » à l'Espérance. Il souligne que cette espérance, fondée sur l'amour de Dieu répandue dans nos coeurs par l'Esprit Saint, ne déçoit pas et nous appelle à une vie de foi active et de charité. Ainsi, si chacun y croit et si nous nous mobilisons tous pour bâtir une paix durable, nous pourrons espérer un avenir prospère pour notre chère Casamance. Chacun, en sa qualité et à son rang, doit jouer sa partition pour le bien de tous. Que cette année jubilaire soit une année remplie de grâces pour chacun de nous ».

Le choix de Diongol

Pour l'évêque de Ziguinchor, la date du 1er janvier a fini par devenir, dans leur agenda diocésain, le jour où ils prient pour la paix et réaffirment leur engagement commun à la quête d'une paix durable, qui guérit les blessures, réconcilie les coeurs et ouvre les voies d'un avenir prospère. Il est aussi revenu sur choix de Diongol qui est une des communautés de base de la paroisse Sainte Thérèse de l'enfant Jésus de Bignona. « Il était important pour moi de proposer ce village qui appartient au secteur du Haut Fogny impacté, comme plusieurs villages environnants, par la guerre en Casamance. À mon avis, cette journée revêt tout son sens et a plus d'impact lorsque nous la vivons avec les communautés qui gardent encore les séquelles de la guerre. Beaucoup de villages des communes de Suelle, de Djibidione, de Sindian et d'Oulampane, sans oublier les autres communes de la région, s'étaient vidés de leur population », a souligné le dernier ordonné des évêques du Sénégal.

Et de renchérir : « en ce jour spécial, je tiens tout d'abord à exprimer ma gratitude envers toutes celles et ceux qui, chaque jour, oeuvrent pour la paix et la réconciliation en Casamance. Je pense ici aux organisations et associations, sans oublier les personnes de bonne volonté engagées aux côtés des populations vulnérables. Vos efforts et vos sacrifices redonnent de l'espoir et de la détermination à rebâtir ce qui a été brisé par des années de conflit ».

Les statistiques du conflit

Pour Mgr Valter, les statistiques de l'étude de base menée dans les années 2012 par Catholic Relief Service (Crs) et Caritas ont montré que près de 150.000 personnes avaient perdu leur maison, et des milliers étaient toujours hors de leur village d'origine. Et selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le nombre de déplacées à l'intérieur de la Casamance variait entre 30.000-60.000 personnes, et plus de 10.000 avaient trouvé refuge en Gambie et en Guinée-Bissau. Plus récemment, en mars 2022, Mgr a renseigné que les opérations militaires en Casamance ont provoqué de nouveaux déplacements.

Environ 6350 personnes avaient fui les violences, dont 4508 déplacées internes et 1872 réfugiées en Gambie. « En octobre dernier, le gouvernement sénégalais a rapporté que 5 655 ménages, répartis dans 197 villages, étaient retournés dans leurs localités d'origine. Cependant, 992 ménages, provenant de 37 villages, attendaient encore de pouvoir rentrer chez eux ».

Malgré l'accalmie qui y sévit depuis quelques année, Mgr Valter soutient que la situation évolue positivement et permet à beaucoup de personnes de retourner dans leur village d'origine et de reconstruire leur lieu de vie.

Toutefois, il a estimé que les moyens ne suivant pas nécessairement, ces populations déplacées ont constamment besoin d'aide. Face à cette situation, le Pasteur de l'Eglise catholique de Ziguinchor engagé dans cette cause est aussi revenu sur les actions posées à travers ses démembrements.

« Notre Eglise, pour sa part, s'est engagée à travers la Caritas aux côtés de ces populations pour accompagner leur retour. Ainsi entre 2017 et 2024, CRS et Caritas ont obtenu un financement de l'ambassade des États-Unis qui a permis de mettre en oeuvre les projets « Elagnoul » (le fait de retourner à la maison) et « Bukine Ba Soumé » (habiter paisiblement). Ce financement a permis, avec le projet Elagnoul (2017-2019) de construire, 209 maisons, 120 latrines et 16 mini-forages dans les villages des communes de Suelle, Djibidione et d'Oulampane ».

Et d'ajouter :« Entre 2021 et 2024, la commune de Suelle a bénéficié au total, avec le projet « Bukin Ba Soumé » de 164 maisons reconstruites ou réhabilitées, de 128 latrines. Diongol, pour sa part, a bénéficié en 2017, avec Elagnoul 1, de la construction de 3 maisons pour trois ménages, 4 latrines DLV (double latrines ventilées) et d'un puits-forage installé à l'école primaire pour permettre aux élèves et à la population d'avoir accès à l'eau potable ».

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