« Je vous annonce les trois (3) grands projets d'avenir prioritaires pour la République Gabonaise, qui débuteront au cours de l'année 2025. Il s'agit du port en eau profonde de Mayumba, de la ligne de chemin de fer Belinga-Bouée-Mayumba et du barrage hydroélectrique de Booué. Ces différents chantiers seront créateurs de 163.000 emplois pour les jeunes. », Discours de voeux 2025 à la Nation Gabonaise, du Président de la Transition, Président de la République, Chef de l'Etat, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema.
En me connectant en journée, je suis tombé sur plusieurs commentaires et articles de presse, passant pour certains en dérision les projections de 163.000 emplois que peuvent générer ces trois (3) grands projets. « Ces différents chantiers seront créateurs de 163.000 emplois pour les jeunes », une phrase toute simple que plusieurs malheureusement ont entendu comme suit : « 163.000 emplois seront créés en 2025 », interprétation totalement contraire à la phrase originelle. Mais cela peut se comprendre dans un environnement où malheureusement les promesses ont été érigées en religions.
Dans une approche pédagogique, je me suis mis à mieux comprendre ces projets en faisant de la veille sur internet.
S'agissant du projet du Chemin de Fer Bélinga-Mayumba : j'ai découvert qu'il était long de 972 km contre 669 km pour celui reliant Owendo-Franceville. Rappelons que le chemin de Fer Owendo-Franceville qui à moins de 200km que celui de Bélinga-Mayumba, traverse 5 provinces (Estuaire, Moyen-Ogooué, Ogooué-Ivindo, Ogooué-Lolo et Haut-Ogooué), a été construit en 12 ans (débuté en 1974 et livré en 1986), nécessité au moins 17 entreprises européennes réunis en consortium, financé à plus de 1.500 milliards de FCFA à l'époque (équivalent peut-être à plus du double aujourd'hui) par un Fonds européens et a généré des milliers d'emplois me révèlent des articles de presse sur internet.
En regardant la carte du Gabon, ce chemin de fer pourrait traverser l'Ogooué-Ivindo, l'Ogooué-Lolo, la Ngounié et la Nyanga (ces deux dernières provinces ne sont pas traversées par l'actuel chemin de fer), désenclavant au passage plusieurs villes de l'intérieur du pays.
S'agissant du Port en eau profonde de Mayumba : mes recherches sur internet ne m'ont pas permis de recueillir assez d'éléments sur ce projet. Cependant, j'ai pu découvrir que projets de construction des ports créaient généralement des milliers d'emplois. Les recherches m'ont conduites par exemple au projet de port en eau profonde de Banana en République Démocratique du Congo (RDC) qui engendrerait 85.000 emplois pour un coût global estimé à plus de 720 milliards de FCFA.
S'agissant du projet barrage hydroélectrique de booué : Je n'ai pas trouvé suffisamment d'éléments dessus. Cependant, mes recherches m'ont orientées vers le Barrage de Kinguélé qui est celui qui alimente à ce jour l'Estuaire et une bonne partie du Gabon. Ce barrage dont les études ont démarré dans les années 1947 a été construit entre 1970 et livré le 19 juin 1973 avec « l'implantation au quartier Belle-vue (actuelle Kinguélé) d'une station d'arrivée desservant une sous-station qui comprenait un poste de 20 KV » Reymond Adelaide, 2005.
Pour réaliser ce barrage, le Gabon a dû faire venir la main d'oeuvre de l'extérieur (on parle de milliers d'Africains que le Gabon a dû faire venir du fait que le projet ne pouvait absorber toute la main d'oeuvre locale, avec la construction de certains camps de logements pour ces derniers.
En écoutant 163.000 emplois, cela paraissait abusés à mon sens et je comprends les réactions de plusieurs. Toutefois, la curiosité visant à me documenter pour en savoir plus m'a conduit à réaliser que c'était possible et qu'assurément nous aurons sous peu une communication plus détaillée pour nous présenter la répartition des emplois par nature de projet.
En somme, pour aboutir aux 163.000 emplois, il faudra arriver à mobiliser des milliers de milliards pour financer ces 3 projets majeurs dont la durée pourrait s'étendre sur de nombreuses années si l'on compare au projet de chemin de fer Owendo-Franceville qui a durée 12 ans pour sa construction.