Des figures connues de l'opposition politique comme Jean Marc Kabund et Seth Kikuni actuellement incarcérées pourraient bénéficier de cette grâce.
Selon l'ordonnance voulue par Félix Tshisekedi, la grâce est accordée à toute personne condamnée à une peine de servitude pénale ou de travaux forcés inférieure à 5 ans et devenue irrévocable à la date du 31 décembre 2024.
Pour Me Frédéric Kwamba, avocat au barreau de Kinshasa/Gombe, ce geste peut être perçu comme un acte de compassion et de réconciliation car le président congolais cherche à marquer un sentiment d'humanité et de pardon dans sa gouvernance pour apaiser les tensions sociales.
" Il est important de veiller à ce que cette mesure soit appliquée de manière transparente et équitable afin d'éviter toute perception de favoritisme ou de monnayage", explique-t-il au micro de la DW.
"Cette grâce incluant des opposants comme Seth Kikuni, Jean Marc Kabund peut être perçue comme un geste ayant des implications politiques significatives car en libérant des figures de l'opposition, le président pourrait chercher à apaiser des tensions politiques et à promouvoir un climat de réconciliation nationale. Ce qui pourrait bien contribuer à une reconfiguration de la scène politique congolaise en fonction des réactions et dynamiques qui en découleront. "
Quid des prisonniers politiques ?
Me Laurent Onyemba qui défend Seth Kikuni, l'une des figures de l'opposition congolaise, rappelle que le président de la République congolaise est l'unique juge de l'opportunité pour accorder ses grâces. Pour lui, comme son client a été arrêté en septembre 2024, il a déjà consommé le tiers de sa peine et donc du point de vue juridique il est éligible.
"Il faut vérifier les infractions pour lesquelles monsieur Kikuni a été condamné. Monsieur Kikuni est poursuivi pour tentative à la désobéissance civile et propagation de faux bruits et donc de ce point de vue M. Kikuni est aussi éligible. Maintenant il reste aussi à vérifier quelques éléments au niveau de la procédure car après sa condamnation, c'est le greffe qui renseigne l'état de la procédure dans un dossier. Si le jugement lui a été signifié et donc dans le registre au niveau du greffe ça doit être renseigné," précise Me. Onyemba à la DW.
"Si monsieur Kikuni n'est pas encore signifié de son jugement, il faut le faire rapidement, avant la commission qui doit être mise sur pied par le ministre de la justice, il faut qu'il soit signifié pour qu'on prélève deux éléments : le fait qu'il soit signifié de sa condamnation et le second c'est le fait qu'il n'ait pas interjeter appel parce qu'à ce moment-là la décision sera définitive mais s'il a interjeté appel, il ne sera pas éligible. "
Le ministre congolais de la justice Constant Mutamba a promis une application rigoureuse de cette grâce avec la mise en place d'une commission pour éviter toutes formes d'abus et autres monnayages.