Madagascar: Le migrant du Centre en butte au climat de l'Est

Le gouverneur général Joseph Gallieni, après avoir accompli un périple dans plusieurs régions de la Grande île en 1901, constate la présence d'émigrés merina et betsileo dans les zones littorales. La même année, il demande aux chefs de province de donner la situation exacte de cette migration à partir d'un questionnaire (lire précédente Note). Deux ans plus tard, il fait compléter les résultats par une autre enquête, mais cela n'apporte pas de renseignements complémentaires.

Cependant, cette étude insiste sur un point : Betsileo et surtout Merina demeurent très attachés à leurs morts et à leurs tombeaux. Voici ce qu'en disent Raymond Decary et Rémy Castel, administrateurs en chef et scientifiques : « Aussi, une des principales préoccupations du migrant des Hauts-Plateaux est-elle la crainte qu'après sa mort, son corps ne soit pas transporté dans le fasana de la famille. »

Autrefois, ajoutent-ils, avant l'intervention des textes administratifs spéciaux à ce sujet, il n'est pas rare de voir les Merina de la Côte qui sont tombés malades ou victimes d'un accident, se mettre en route pour regagner la région centrale, sans même se préoccuper s'ils sont en état de supporter la fatigue du voyage.

Plus tard, la réglementation donne toute facilité (réduction des formalités au minimum) pour l'exhumation et la translation des restes mortels, en permettant la multiplication des « famadihana ». Mais en 1901, le mobile migratoire demeure le désir de s'enrichir et cela se manifeste sous un double signe, commerce et culture, et l'orientation des déplacements en découle directement.

Dans le secteur commercial, on constate que les émigrés merina et betsileo rayonnent dans toute l'île d'une manière identique. « Ils s'installent dans les centres urbains ou les villages, où ils ouvrent boutique ; ils achètent aux autochtones les produits du sol et les peaux de boeufs, agissent parfois en qualité d'agents des sociétés d'exportation, et revendent des tissus, des objets fabriqués, du riz. La vente de la viande est à peu près exclusivement entre leurs mains. »

En matière agricole, la question du climat intervient. L'originaire des Plateaux, très sujet aux atteintes du paludisme, s'accommode mal à la chaleur humide de la côte orientale qui, pourtant, en raison de sa fertilité, devrait exercer sur lui une attraction particulière.

« Certes, les terres à riz y sont rares et l'Ambaniandro est surtout riziculteur, mais il aurait pu, aurait dû, être tenté par les cultures riches que réussissent certains Betsimisaraka eux-mêmes. » Mais leur nombre dans la région de Toamasina est relativement faible, va en diminuant du Sud au Nord, plus insalubre avec un minimum dans le district de Mananara.

Au contraire, vers l'Ouest et le Nord-Ouest, le climat est plus chaud, mais plus sec et plus salubre et ne s'oppose pas au travail physique des émigrants des Plateaux qui peuvent trouver des terres à riz en abondance.

Mais ils ne s'adonnent pas à la seule riziculture. Depuis longtemps, du côté de Morondava et de Toliara, la culture du tabac et des pois du Cap sont en plein développe-ment et ce sont surtout des émigrés qui assurent une grande partie de la production.

Dans le Sud-Est et le Sud, l'émigration betsileo l'emporte en importance sur celle des Merina, plus visibles dans le Nord et le Nord-Ouest. Dans l'Extrême-Sud où le climat bien que sain est particulièrement dur, les émigrés sont exclusivement commer-çants et leur nombre se raréfie davantage. « La population indigène s'est, comme dans tout l'Androy, conservée pratiquement pure de tout mélange. »

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