Les Allied Democratic Forces (ADF) ont été détruits, selon le président ougandais. Ce dernier est revenu le 31 décembre 2024 sur le sort de ce groupe rebelle, originaire de son pays, et implanté dans l'est de la RDC depuis les années 1990, où il y fait régner la terreur. Mais, malgré les dires du chef de l'État, les ADF ont multiplié les attaques, ces dernières semaines, dans le Nord-Kivu. Comment comprendre ces mots de Yoweri Museveni, alors que son armée est engagée depuis trois ans dans l'opération Shujaa aux côtés de l'armée congolaise ? Pour l'analyste Reagan Miviri, membre de l'institut de recherches Ebuteli, « ça ne reflète pas la réalité congolaise ».
Lors de ses voeux pour 2025, le président ougandais, Yoweri Museveni, a assuré que le groupe islamiste des ADF, originaire de son pays, avait été détruit. Une annonce qui en a surpris plus d'un : depuis quelques semaines, des régions congolaises frontalières de l'Ouganda observent en effet une résurgence des attaques des membres des Allied Democratic Forces, affiliées à l'État islamique.
Depuis le début du mois de décembre, des dizaines de personnes ont ainsi perdu la vie dans différentes attaques dans la province du Nord-Kivu.
« D'un point de vue ougandais, on peut dire que ces opérations sont un succès »
Selon l'analyste de l'institut de recherches indépendant Ebuteli, Reagan Miviri, la déclaration du président ougandais ne prend en compte qu'un seul côté de la frontière. « D'un point de vue ougandais, on peut dire que ces opérations sont un succès, parce que la menace est partie plus loin de leurs frontières, souligne-t-il au micro de Paul Lorgerie. Donc, les ADF deviennent de moins en moins une menace contre l'Ouganda ».
Reagan Miviri poursuit : « Mais ça ne signifie pas qu'ils ne sont plus une menace et surtout qu'ils ne sont plus une menace pour la RDC. Parce que, ce 30 décembre, on a vu encore des civils qui ont été tués à Oicha. On se souvient que Oicha, c'est une des cités où il y a toujours eu des atrocités depuis le début, avant même ces opérations. Donc, même dans des zones où il y a eu des opérations, il y a encore des massacres, et de surcroît dans des zones où il n'y avait jamais eu de massacres. Mais, bien sûr, pour les Ougandais, le fait que ça ne se passe pas sur leur territoire, proche de leur territoire, ils peuvent se permettre de le dire, mais ça ne reflète pas la réalité congolaise. »