Cameroun: Polémique autour du dernier fichier électoral de 2024 et ses 7,8 millions d'inscrits

Dépouillement des votes au Cameroun après les élections présidentielles de 2018 (archives)

Au Cameroun, Election's Cameroon (Elecam) a annoncé le 30 décembre 2024 la « disponibilité des listes actualisées du fichier électoral ». Au total, et selon ces listes, 7 845 622 électeurs sont régulièrement inscrits. La publication de ces chiffres a aussitôt suscité une vive controverse alors qu'est prévue une élection présidentielle en cette année 2025 qui vient de commencer. Certains partis politiques de l'opposition accusent Elecam de tronquer la réalité des chiffres. Explications.

C'est Jean Michel Nintcheu, le promoteur de l'Alliance politique pour le changement (APC), soutien déclaré de Maurice Kamto à la présidentielle de 2025 au Cameroun qui a les mots les plus durs. Le total des inscrits, un peu plus de 7,8 millions d'électeurs, récemment annoncé par Elecam, n'est, estime-t-il « qu'une déclaration de guerre ». Pour étayer cette affirmation, Jean Michel Nintcheu fait d'abord observer que les listes n'ont pas été affichées comme l'exige la loi.

En lieu et place, Elecam indique tout juste qu'elles « sont disponibles pour consultation ». Le député voit à travers ce procédé une manoeuvre qui se veut tout sauf transparente et dénonce ce qu'il considère comme de « l'opacité ».

Sur les chiffres avancés, un peu moins de 8 millions d'inscrits sur le plan national et 26 800 en diaspora, l'opposant crie à l'amputation du fichier électoral pour divers motifs injustifiés et à la complexification des procédures d'inscriptions, notamment pour les Camerounais résidant à l'étranger.

L'expert des questions électorales, Hubert Kamga, constate, pour sa part pour s'en désoler, que les chiffres avancés par Elecam sont loin des projections que la classe politique, dans son ensemble, se fait du potentiel des électeurs au Cameroun, estimé à 15 millions.

Pour les 7 mois qu'il reste d'ici à la clôture des opérations d'inscription en cette année 2025 et avant l'élection présidentielle prévue pour le mois d'octobre, il préconise une mobilisation tous azimuts pour, à minima, atteindre, voire dépasser, les 10 millions d'inscrits.

À défaut, suggère-t-il, le président de la République doit prendre dans l'urgence un décret rendant obligatoire le vote pour tout citoyen ayant la majorité électorale.

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