À l'image de la vanille, dont la raréfaction des produits naturels a conduit au développement de la vanilline synthétique, le cacao pourrait, lui aussi, disposer prochainement d'un équivalent artificiel
Face à la flambée des prix du cacao, les grandes firmes internationales intensifient leurs efforts pour trouver des solutions alternatives. Depuis décembre dernier, les cours ont bondi de 30 %, conséquence des conditions climatiques défavorables en Afrique de l'Ouest, principale région productrice. Ces sécheresses amplifient les craintes d'une récolte insuffisante, obligeant les industriels à innover pour réduire leur dépendance à cette matière première essentielle.
En effet, cette crise se ressent même à Madagascar, qui est pourtant un des meilleurs producteurs de cacao, en termes de qualité. Certes, les enjeux ne se limitent pas à l'augmentation des coûts. La filière cacao est également confrontée à des défis structurels, notamment les pressions pour produire de manière plus durable. Cette double contrainte pousse les entreprises à investir dans des solutions de substitution qui pourraient révolutionner le secteur.
Cacao de laboratoire
Plusieurs initiatives émergent pour repenser le chocolat. Mondelez, connu pour ses biscuits Oreo, a misé sur la startup israélienne Celleste Bio, qui développe du cacao de laboratoire. Selon sa directrice générale, cette innovation pourrait rendre l'industrie moins dépendante des aléas naturels. En Suisse, Food Brewer projette de commercialiser d'ici 2026 un chocolat élaboré à partir de cellules prélevées sur des plantations, tandis que Fazer, en Finlande, explore des alternatives à base de seigle malté et d'huile de coco.
D'autres approches privilégient les matières végétales. Planet A Foods, en Allemagne, propose ChoViva, un substitut fabriqué à partir de graines de tournesol fermentées et torréfiées. Aux États-Unis, Voyage Foods utilise des pépins de raisins pour enrichir ses pâtes à tartiner, en partenariat avec Cargill, un acteur clé de la transformation du cacao.
Révolution
Ces innovations témoignent de la volonté des industriels de répondre aux défis économiques, environnementaux et sociaux qui touchent la filière cacao. Si ces alternatives réussissent à séduire les consommateurs, elles pourraient marquer le début d'une transformation profonde de l'industrie du chocolat, tout en garantissant sa pérennité face à une production de cacao sous pression.