Au Maroc, une clinique psychiatrique clandestine a été démantelée par la gendarmerie royale dans la région de Marrakech, le 26 décembre 2024. Dix-neuf personnes y étaient retenues, parfois depuis deux ans, dans « des conditions inhumaines ». Souffrant de pathologie mentale ou d'addiction, elles y avaient été envoyées par leur famille. Elles pensaient que leurs proches y recevaient des soins.
C'est dans une ferme isolée que les victimes étaient détenues, sans aucune prise en charge, ni suivi thérapeutique.
L'affaire a fait réagir la société civile qui demande à ce que les responsabilités soient établies. Abdelaziz Jbilou, vice-président de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) pour la région de Marrakech, s'insurge : « C'est douloureux de voir les conditions inhumaines dans lesquelles vivaient les gens séquestrés. »
« On est sûr qu'il y a une bande organisée spécialisée dans le trafic d'êtres humains »
Pour l'association, l'affaire ne fait que commencer : « Nous appelons les autorités à approfondir l'enquête dans l'hypothèse où il y aurait d'autres lieux de détention et d'autres personnes qui seraient séquestrées. »
Six suspects ont été arrêtés dont le propriétaire de la ferme et son fils, ainsi qu'un infirmier qui aurait joué le rôle d'intermédiaire avec les familles. « Nous à l'AMDH, on est sûr qu'il y a une bande organisée spécialisée dans le trafic d'êtres humains, lance-t-il. Elle ramène les gens de différentes villes, les séquestre dans des fermes... C'est possible qu'il y en ait même plusieurs ».
Les 19 victimes libérées ont été transférées à l'hôpital psychiatrique provincial pour recevoir les soins nécessaires. Une enquête a été ouverte pour traite d'être humain, torture et travail forcé.
Au Maroc, cette affaire à El Kelaâ des Sraghnas fait écho à celle d'il y a dix ans à Bouya Omar, un sanctuaire dans la région de Marrakech, où des personnes atteintes de maladie mentale étaient également retenues. Le site avait aussi été démantelé.