Cameroun: Mafia des équivalences à l'université de Douala - Etudiants exploités

3 Janvier 2025

À l'Université de Douala, une pratique scandaleuse perdure : la mafia des équivalences. Les étudiants qui souhaitent obtenir l'envoi de leurs relevés de notes et diplômes vers le WES (World Education Services), un organisme chargé d'établir l'équivalence des diplômes, sont contraints de payer des sommes exorbitantes. Ce service, qui devrait être gratuit, est devenu une source de profit pour certains responsables universitaires, plongeant les étudiants dans un cycle interminable de dépenses et d'attentes.

Des frais illégaux et abusifs

Le service de la DAAC (Direction des Affaires Académiques et de la Coopération) de l'Université de Douala exige 25 000 FCFA par document pour l'envoi des relevés de notes et diplômes. Par exemple, pour l'équivalence d'un master 2, un étudiant doit payer 25 000 FCFA x 5 relevés de notes, plus 5 000 FCFA x 5 documents à envoyer, soit un total de 150 000 FCFA.

Ces frais, illégaux et non justifiés, représentent une charge financière lourde pour les étudiants, dont beaucoup peinent déjà à financer leurs études. Pire encore, ces sommes ne garantissent pas un traitement rapide des dossiers. Les étudiants doivent souvent attendre entre 6 mois et 1 an, voire plus, pour voir leurs demandes aboutir.

Une pratique systémique

Selon plusieurs témoignages, les responsables de la DAAC prennent les documents des étudiants, les déposent dans des tiroirs et attendent que les étudiants reviennent avec de l'argent supplémentaire pour faire avancer leurs dossiers. Cette pratique, qualifiée de mafia des équivalences, est systémique et bien ancrée dans le fonctionnement de l'université.

Les étudiants, souvent désemparés, n'ont d'autre choix que de se plier à ces exigences pour obtenir leurs documents. Cette situation crée un climat de frustration et d'impuissance, où les étudiants sont pris en otage par des fonctionnaires peu scrupuleux.

Un service qui devrait être gratuit

Il est important de rappeler que l'envoi des relevés de notes et diplômes vers des organismes comme le WES est un service qui devrait être gratuit. Les frais administratifs, s'ils existent, doivent être minimes et transparents. Or, à l'Université de Douala, ces frais sont non seulement exorbitants, mais aussi opaques, sans aucun justificatif officiel.

Cette situation soulève des questions sur la gestion des fonds au sein de l'université et sur l'absence de contrôle des autorités compétentes. Les étudiants, déjà confrontés à de nombreuses difficultés, sont une fois de plus les victimes d'un système dysfonctionnel.

Les conséquences pour les étudiants

Les conséquences de cette mafia des équivalences sont désastreuses pour les étudiants. Outre le fardeau financier, ces pratiques retardent leurs projets académiques et professionnels. Beaucoup d'entre eux doivent reporter leurs inscriptions dans des universités étrangères ou leurs demandes de visa, faute de documents en temps voulu.

Cette situation affecte également la réputation de l'Université de Douala, qui se retrouve associée à des pratiques corruptrices et anti-étudiantes. À long terme, cela pourrait dissuader les futurs étudiants de s'inscrire dans cette institution, pourtant l'une des plus importantes du Cameroun.

Face à ce scandale, il est urgent que les autorités compétentes interviennent pour mettre fin à ces pratiques abusives. Les étudiants, soutenus par des associations et des organisations de défense des droits, doivent se mobiliser pour dénoncer ces agissements et exiger une réforme en profondeur du système administratif de l'université.

La transparence dans la gestion des dossiers et l'élimination des frais illégaux sont des mesures essentielles pour rétablir la confiance et garantir un traitement équitable des étudiants.

La mafia des équivalences à l'Université de Douala est un fléau qui pénalise les étudiants et entache la réputation de l'institution. Les frais illégaux, les retards injustifiés et les pratiques corruptrices doivent cesser. Il est temps que les autorités prennent des mesures concrètes pour mettre fin à ces abus et garantir un système éducatif juste et transparent. Les étudiants méritent mieux, et il est de notre devoir de soutenir leur lutte pour une éducation équitable.

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