Au Niger, le défenseur des droits de l'homme Moussa Tchangari a été placé sous mandat de dépôt, vendredi 3 janvier dans l'après-midi, et transféré à Filingué, à 180 kilomètres de Niamey. Après avoir été emmené de force par des hommes armés début décembre, le secrétaire général de l'association Alternative Espace Citoyen était en garde à vue.
Après plus d'un mois de garde à vue dans les locaux de la sécurité d'État et ceux des services antiterroristes, Moussa Tchangari a été présenté vendredi 3 janvier au doyen des juges d'instruction. Après les premiers échanges, ce dernier l'a inculpé et placé sous mandat de dépôt à la prison de Filingué, une ville située à 180 kilomètres au nord-est de Niamey. Selon l'un des collaborateurs, son moral reste bon malgré tout.
Moussa Tchangari était visé par trois chefs d'accusations déjà connus : « atteinte à la sûreté de l'État », « association de malfaiteurs en lien avec le terrorisme » et « apologie du terrorisme ». Mais il a également été inculpé de deux nouveaux chefs d'accusation : « atteinte à la défense nationale » et « intelligence avec des puissances ennemies ».
Celui-ci était accompagné de ses avocats, de membres de sa famille et de plusieurs défenseurs des droits de l'homme. Un important dispositif de policiers était visible autour du tribunal de grande instance de Niamey.
Le secrétaire général d'Alternative Espace Citoyen avait été arrêté de nuit, à son domicile de Niamey, sans mandat d'amener, alors qu'il rentrait de voyage, le soir du 3 décembre. Son ordinateur, ses téléphones portables et sa valise avaient été confisqués par les services de la DGDSE, la sécurité extérieure nigérienne.
Son arrestation avait alors provoqué une vague d'émotion dans la société civile ouest-africaine. Le juriste et défenseur des droits humains Mamane Kaka Touda, collaborateur de Moussa Tchangari, a regretté la décision de la justice, à la sortie du palais de justice de Niamey.
«Ce n'est que la première étape, on attend dans les jours à venir, que le dossier puisse être suivi sur le fond», réagit sobrement le juriste Mamane Kaka Touda
Amélie Tulet Moussa Tchangari fait partie de ceux qui osent encore formuler des critiques à l'encontre des autorités militaires en place depuis le coup d'État du 26 juillet 2023 au Niger. Depuis qu'il a été arrêté, plusieurs organisations internationales comme Amnesty International, Human Rights Watch ou encore la Fédération internationale pour les droits humains appellent à sa libération et dénoncent une « répression généralisée » contre toute opposition au Niger.