Ile Maurice: L'ancien gouverneur de la Banque centrale cueilli à l'aéroport

L'affaire prend une tournure sérieuse et pourrait bien impliquer des personnalités de haut rang. Harvesh Seegolam, ancien gouverneur de la Banque de Maurice (BoM), a été interpellé hier, le vendredi 3 janvier, à son arrivée à l'aéroport sir Seewoosagur Ramgoolam par l'Anti Money Laundering Unit (AML) du Central Crime Investigation Department. Accompagné de son avocat, Me Ravi Yerrigadoo, il a été entendu pendant plus de cinq heures à la Sterling House, Port-Louis.

L'ex-gouverneur de la BoM fait l'objet d'une enquête pour «conspiracy to defraud public fund» dans le cadre d'un décaissement controversé de Rs 45 millions, effectué le 28 octobre 2024, en faveur d'une entreprise classée à risque très élevé par la Mauritius Investment Corporation (MIC). Cette malversation présumée pourrait entraîner des répercussions bien au-delà de l'ex gouverneur, impliquant potentiellement des personnalités influentes des hautes sphères du pouvoir.

Après sa démission consécutive aux élections générales du 10 novembre, Harvesh Seegolam avait quitté le pays. Un mandat d'arrêt avait été émis à son encontre à la mi-décembre. Il est question de falsification de données économiques essentielles, d'impression massive de billets pour financer la MIC durant la pandémie de Covid-19, et de décisions ayant fragilisé le système monétaire national. Bien qu'il ait été attendu au pays le 29 décembre, il n'est rentré qu'hier.

Par ailleurs, Me Satyajit Boolell, ancien Directeur des poursuites publiques, n'a ni infirmé ni confirmé avoir été approché pour défendre Harvesh Seegolam.

«Clear-cut case»

Lors de sa première conférence de presse, le 7 décembre 2024, en tant que nouveau gouverneur de la BoM, Rama Sithanen, avait évoqué une «connivence entre la BoM et la Mauritius Investment Corporation pour frauder des fonds publics». Sans citer de nom (celui de Pulse Analytics, NdlR), il s'était référé à ce cas d'abus qui avait fait l'objet d'une enquête interne, ayant entraîné la suspension de son Chief Executive Officer (CEO), Jitendra Bissessur, comme un «clearcut case of defrauding public funds».

Rama Sithanen devait expliquer que des directeurs du board de la MIC, tout comme ceux de la société bénéficiaire, avaient refusé de s'associer à ce projet en dénonçant cette pratique. Et d'ajouter que l'enquête préliminaire avait démontré qu'un certain nombre de conditions, dont celle portant sur l'utilisation du fonds, n'avaient pas été respectées et il avait promis à la population que tout serait fait pour récupérer l'argent. «Nous avons la capacité d'engager un audit trail pour faire la lumière sur ce cas qui concerne un montant de Rs 45 millions et sur d'autres», avait-il dit.

L'ex-CEO de la MIC a incriminé un membre de l'ancienne direction de la BoM qui lui aurait ordonné d'agir ainsi. Une autre VVIP aurait également été pointée du doigt. La Silver Bank, même si elle ne concerne pas directement la MIC, a fait l'objet également des explications de Rama Sithanen. Sous tutelle de la Banque de Maurice en février 2024, cette banque a comme principale actionnaire l'épouse de Prateek Gupta, un Indien dont les avoirs ont été gelés pour fraude à l'encontre de la société Trafigura. Celui-ci a bénéficié, selon le gouverneur, de la majorité de prêts selon un mécanisme établi.

La Silver Bank ne pourra jamais, selon Rama Sithanen, honorer ses engagements vu que la totalité de ses actifs, chiffrés à Rs 8,3 milliards, est identique au montant de ses provisions pour des créances douteuses, soit Rs 8,1 milliards. Il s'élève contre l'intervention du ministère des Finances qui a encouragé des institutions à déposer des fonds dans cette banque alors que celle-ci était déjà un «lost case».

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