C'est au coeur du Kassa dans le département de Oussouye que Monseigneur Jean Baptiste Valter Manga a célébré sa messe d'action de grâce, après son ordination épiscopale à la tête du diocèse de Ziguinchor. Ordonné évêque le 23 novembre dernier, le Pasteur a fait son entrée de gloire dans son village natal de Karounate. Une fierté pour cette communauté qui a donné au diocèse un Guide devant conduire le troupeau de Dieu vers de verts pâturages.
Monseigneur Jean Baptiste Vater Manga a eu droit à un accueil chaleureux de sa communauté qui a exprimé à Dieu, lors de cette messe d'action de grâce, toute sa reconnaissance pour avoir choisi un de ses fils pour faire de lui, un évêque. Dans une communion des coeurs et des esprits, ils ont formulé des prières pour un ministère fécond de Mgr. Dans cette joie de la célébration, le nouvel évêque de Ziguinchor a encore appelé le peuple de Dieu à l'unité afin de construire une Eglise de paix et de joie. Selon Mgr, sa nomination et son ordination sont la preuve vivante que Dieu continue de parler aux hommes à travers des signes.
Ainsi, s'exerçant à lire les signes du temps, il a déclaré dans son message délivré devant cette Assemblée de Dieu, « Dimanche dernier, nous lisions en première lecture dans le livre du prophète Michée le passage où il était question de Bethléem, plus petit de tous les clans de Judas, mais d'où sortira le berger d'Israël. Dans le contexte de la préparation de cette fête, certains ont pensé à ce qui se passait ici à Eyoune. Le curé du Doyen d'Oussouye et le curé de la paroisse d'ici me l'ont exprimé clairement. Je suis sûr que d'autres l'ont pensé ».
Et d'ajouter : « j'aime rappeler que quand je suis allé au petit séminaire en 1986, cette communauté chrétienne était tellement petite qu'elle n'était même pas une communauté ecclésiale de base, une C.E.B. Nous étions rattachés à la C.E.B. d'Eyoune. Aujourd'hui, Eyoune a donné à l'église les abbés Simon-Pierre Diatta, du clergé diocésain de Ziguinchor, Alain Diédhiou, de Sigana, du clergé diocésain de Kolda, le père Édouard Diédhiou, des Pères Piaristes du village de Nianbalan, le Père Bernard Manga, des Pères Piaristes du village de Karounate, le père Yannis Diédhiou, des Pères Piaristes du village de Nianbalan, le père Kevin Manga, des Oblats de Marie Immaculée, le dernier ordonné ici au mois de juillet du village de Karounate, le frère Christophe, frère de Saint Jean du village de Sigana ainsi que la soeur Massilia Diédiou, des Soeurs Piaristes ».
Face à cette grâce de Dieu, Mgr Manga a cherché à comprendre le message du Seigneur qui l'a conduit à ce jour pour sa messe d'action de grâce dans cette communauté dont il a occupé des fonctions étant jeune comme catholique engagé. Il a aussi rappelé que l'église qui l'a ainsi accueilli fut implantée en 2000. « En effet, lorsque les conversions au catholicisme se sont multipliées dans les années 90, il a été question de trouver un terrain pour bâtir une église. Après plusieurs propositions, le choix va être porté sur ce site où nous sommes. Il s'agit de la frontière entre les trois villages, Karounate, Siganar et Nianbalan.
Et quand on sait que les zones frontalières sont souvent des terres de conflits, et que chez le diola, l'ennemi paradoxalement, c'est souvent le frontalier, le voisin, l'on comprend bien que nous sommes là sur des terres à tension, où il y a eu de la tension. Pourtant, les villageois vont s'accorder, pour la cause de l'église, que ce terrain soit utilisé et que le curé pouvait choisir les dimensions dont il avait besoin pour sa prochaine paroisse. Et ceux qui ont cédé leurs terres sont presque tous de la religion traditionnelle » a fait savoir Mrg. Et de renseigner : « N'est-ce pas là un signe ? N'est-ce pas là un miracle ?
Des terres de tension, cet espace est devenu un lieu de fraternité et de communion entre les fils et les filles des villages différents, mais frères et soeurs. Il y a quelques années, j'ai même ouvert un cimetière qui est derrière moi, qui accueille les chrétiens de toutes confessions, catholiques, protestants et autres. Un autre miracle, quand on sait l'attachement du diola à être enterré sur sa terre, c'est-à-dire dans son propre village. Cette histoire est connue des gens d'ici ».
La diversité comme signe d'unité
C'est dans la diversité qu'on peut construire l'unité. Et Monseigneur Jean Baptiste Valter Manga en appelle à l'adhésion de tout son diocèse afin de faire du vivre ensemble une réalité dans la grande fraternité des coeurs. Estimant qu'à travers les signes qu'il a évoqués, le Seigneur leur y conduit, sans doute aujourd'hui, pour leur emmener à voir, à travers ces petites expériences comment élargir la perspective. « Nous sommes invités à regarder à nouveau près nos frontières, les grandes, entre pays africains, souvent regardées à tort comme des frontières artificielles.
Personnellement, je ne pense pas qu'elles soient artificielles. Ces frontières sont plutôt pensées dans un projet qui n'était pas le nôtre, mais celui d'une métropole occidentale, dans un contexte de compétition économique et politique. Ces frontières ont pris de la consistance au bout d'un certain nombre d'années, ou de siècles » fait-il savoir. Aujourd'hui, au lieu de les contester, l'évêque de Ziguinchor a estimé qu'il faudrait peut-être les repenser comme de véritables lieux d'échange, lieux de fraternité et non sources d'anxiété et de tension.