Sénégal: Floraison des offres de formation en visite médicale - Le ministère de la Santé invité à réguler le secteur

De plus en plus, des écoles de santé s'ouvrent à la formation de délégué médical à cause de la floraison des cabinets dans ledit domaine, considéré comme pourvoyeur d'emploi. D'où la ruée des jeunes qui embrassent cette formation qui est de courte durée.

Si le métier de visite médicale était auparavant réservé à une catégorie de personnes dites nanties parce qu'il fallait avoir une voiture comme moyen de déplacement pour être recruté dans les cabinets, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Cette exigence même si elle reste d'actualité n'est plus une obligation pour l'employeur. La demande de formation dans cette branche de la médecine est aujourd'hui importante.

Presque toutes les écoles de formation en santé ont une branche réservée à la formation pour la visite médicale. Le niveau requis pour les demandeurs est le niveau 4èmecollège, Bfem ou encore la classe de Première pour une durée qui n'excède même pas un an. Si certains employeurs y trouvent leur compte à cause du nombre important de jeunes formés lancés sur le marché de l'emploi, d'autres se plaignent de la qualité de la formation. Pour Habib Sy, gestionnaire de cabinet de visite médicale au Sénégal, il n'y a pas une corrélation entre ce qu'on reçoit comme formation à l'école et le besoin du marché.

« La personne doit être formée sur différentes matières. Il y a des gens qui ont le Bfem et qui font la formation de délégué médical. Dans ce cas, est-ce que cette personne a les aptitudes de pouvoir au moins représenter une agence ou présenter un produit ? », s'est-il demandé. Et d'ajouter : « Ça aussi, c'est un autre aspect. Maintenant, si l'agence est confrontée à cette situation, elle doit prendre le temps de faire la formation afin d'aider cette personne qui a le Bfem a au moins bien se défendre devant un médecin, un pharmacien qui a fait pas mal d'années, qui maîtrise mieux qu'elle les molécules et les classes thérapeutiques. Si cette formation n'a pas été bien faite, cette personne aura des difficultés pour pouvoir défendre le produit ».

Dans cette floraison d'offres de formation, M. Sy estime que la responsabilité est partagée entre le ministère de la Santé qui doit réguler, les écoles de formation qui délivrent l'enseignement et les cabinets qui recrutent. « En ce qui concerne la formation, c'est une responsabilité partagée, aussi bien des écoles de formation, des agences, mais aussi des dirigeants de cours parce que les écoles de formation ne suffisent pas pour mettre sur le marché des ressources humaines de qualité. À notre niveau, les 90% des diplômés qu'on reçoit n'ont pas des diplômes d'État ou certifiés par l'État. Ce sont des écoles qui les délivrent. Aujourd'hui, il y a une pléthore d'écoles de formation et c'est le rôle de l'Etat de réguler afin d'avoir des ressources humaines de qualité ».

Rappelons que cette formation de délégué médical ne fait même pas partie d'une branche des certifications du ministère de l'Enseignement supérieur encore moins du ministère de la Santé. Ce qui amène notre interlocuteur à dire : « le métier d'un délégué médical devient de plus en plus et peut-être même un second boulot pour certains qui se disent que j'ai échoué ici, donc je vais me concentrer à la visite médicale. C'est à l'État de prendre ses responsabilités, parce que le délégué médical est une personne de santé, elle va chez le médecin pour véhiculer une information sur un produit qui peut être un avantage, mais aussi un inconvénient dans la mesure où l'information que le délégué doit donner au prescripteur, si elle ne s'avère pas être exacte, peut amener des problèmes ».

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