Hezekia Ravelohantenaina, un jeune Malgache de 31 ans, est dans tous ses états après sa dernière visite à Maurice, un pays qu'il considère comme son foyer. Il est arrivé ici à l'âge de 16 ans où sa mère, immigrée, s'était installée comme employée d'usine, pour offrir un avenir meilleur à son fils, avant qu'elle ne soit naturalisée mauricienne après s'être mariée à un fils du sol. Hezekia a résidé sur l'île pendant 15 ans. Il y a été éduqué, s'y est forgé une identité et des amitiés solides en ce lieu qu'il considérait comme chez lui.
Depuis 2018, il se bat pour obtenir la nationalité mauricienne, une démarche motivée par son profond attachement au pays. Après 15 ans passés à Maurice, la demande de naturalisation d'Hezekia a été rejetée. Malgré son amour pour l'île, vivre en tant que membre de la communauté LGBTQ+ à Maurice représentait également un autre défi ; il a donc décidé de s'installer en Afrique du Sud à la place.
Pourtant, le 29 décembre, alors qu'il atterrissait à Maurice pour passer des vacances avec des amis, son séjour a pris une tournure dramatique. Le vol d'Hezekia a atterri à 19 h 25. Mais à son passage à l'immigration, un policier lui a demandé de prouver sa réservation hôtelière et de présenter son billet retour. N'ayant pas de réservation hôtelière puisqu'il comptait loger chez un ami, et peinant à retrouver son billet retour en raison d'une connexion internet lente et de problèmes techniques avec son téléphone, Hezekia a demandé un peu de temps. Mais, les policiers auraient perdu patience.
«Malgache ça...»
«Malgache ça. Il faut le déporter dans son pays», aurait entendu Hezekia en créole, une langue qu'il comprend parfaitement. Cette réaction a été un choc pour lui. Bien qu'il ait finalement montré son billet retour, les agents de l'immigration, accompagnés d'un cadre supérieur, ont maintenu leur décision : Hezekia n'était pas autorisé à entrer sur le territoire mauricien.
Le jeune homme raconte avoir été contraint de remettre son passeport et son billet d'embarquement avant de signer un document intitulé «Notice of refusal leave to enter Mauritius». Durant cette période, il a également observé un couple kényan subir un traitement similaire. Tandis que le couple a reçu de la nourriture, Hezekia, légèrement vêtu d'un ensemble en lin, a passé la nuit dans le froid, sans assistance. «J'étais là, seul, sans réconfort ni explication.» À 3 heures du matin, le couple kényan a été conduit vers un vol Kenya Airways, laissant Hezekia seul. Ce n'est que peu avant 9 heures qu'il a été escorté jusqu'à un vol pour Johannesburg, où il a finalement été déporté.
Le cas d'Hezekia a suscité une vague de solidarité au sein de la communauté LGBTQ+ de Maurice et au-delà. Un avocat spécialisé en immigration a pris en charge son dossier, mais les défis administratifs et juridiques restent nombreux. «Le mal est fait, mais trouver une solution est primordial», confie Hezekia, qui garde espoir d'un avenir meilleur. Pour Hezekia, comment un jeune homme, ayant passé une grande partie de sa vie sur l'île, peut-il être traité comme un étranger indésiré ?
De l'Afrique du Sud qui l'accepte sans aucun problème, il attend des réponses avec l'espoir que justice et dignité lui soient enfin rendues.