Congo-Brazzaville: Premières hostilités

Elles sont fort heureusement verbales, disons démocratiques et donc " civiles". Le 14 décembre, à travers une rupture de silence un peu inattendue, Joseph Kignoumbi Kia Mboungou a levé le ton contre le pouvoir en place en fustigeant sa gouvernance sur toute la ligne. Le député de la première circonscription électorale de Sibiti, dans la Lékoumou, deuxième secrétaire du bureau de l'Assemblée nationale, recevait la presse en revêtant son costume de président de La Chaîne, une petite formation politique au discours remuant classée à l'opposition.

Pourquoi Joseph Kignoumbi Kia Mboungou a-t-il choisi la fin de l'année pour « descendre » la majorité présidentielle et tout ce qui gravite autour ? Dans son exposé, le président de La Chaîne déclarait avoir pris du recul pour observer et réfléchir, une posture succédant, ajoutait-il, à une assez longue période durant laquelle il était resté très présent sur les médias à commenter l'abondante actualité nationale. Par-delà cette explication, il est possible qu'à presque quinze mois de la prochaine élection présidentielle (convoquée normalement en mars 2026), les cloches de la mobilisation aient commencé à sonner.

De la gestion quotidienne de la Cité à la mise en oeuvre du processus électoral, les flèches accrochées à l'arc du président de La chaîne ont été lancées groupées contre ses adversaires dont le plus en vue, le Parti congolais du travail (PCT), locomotive de la majorité présidentielle, a lui aussi décroché les siennes, plus acerbes les unes que les autres. Se référant aux joutes électorales, le candidat quatre fois malheureux (2002, 2009, 2016, 2021) aux scrutins présidentiels avisait ne pas comprendre à quel point son score dans sa circonscription électorale avait pu être insignifiant à la présidentielle de 2021. Un résultat incompréhensible selon lui qui trouve ses raisons dans le dysfonctionnement de l'organisation des élections.

S'agissant toujours des élections qui en démocratie consacrent la voix de la majorité mais aussi le jeu des alliances, dans la victoire ou l'échec des uns et des autres, les surprises ne sont jamais loin. Tel a été le cas lors du partage des strapontins au bureau de l'Assemblée nationale au lendemain des législatives de 2021 : quand, La Chaîne, avec un seul député à l'hémicycle, a arraché le poste de deuxième secrétaire du bureau de la chambre basse, là où les autres mouvements de l'opposition disposant de plus de sièges étaient contraints au désistement soupçonnant quelques jeux douteux en défaveur de la famille « oppositionnelle » qu'ils constituaient naguère.

Mais quels commentaires sur la toile ? La sortie de Joseph Kignoumbi Kia Mboungou, tout comme la réplique du PCT par la voix de son secrétaire à la communication, Parfait Iloki, ont fortement animé les réseaux sociaux. Les partisans de chaque camp ont jeté des fleurs aux deux acteurs, tandis que leurs adversaires réciproques les ont pris à partie sans ménagement. Certains allant même jusqu'à les accuser de se livrer à une espèce de jeu de paroles piquantes sachant que le moment venu ils épointeront leurs divergences en privilégiant le « gagnant-gagnant ». Des procès d'intention si on peut dire. Pour le député de Sibiti I, la conférence de presse du 14 décembre a-t-elle été l'occasion de se délier la langue nouée par son droit de réserve en tant que membre du bureau de l'Assemblée nationale ? Possible !

Il faut pourtant se souvenir d'une chose : seul ou en groupe, Kignoumbi Kia Mboungou est un parleur au sens plein du terme. Comme ce vendeur de marchandises dans un marché bondé qui se fait remarquer par sa faconde. Ceux qui s'accrochent doivent ne pas oublier : il reviendra à la charge si le premier lot de produits destinés à la vente est épuisé, et ainsi de suite. Dans la dynamique des futures batailles électorales, Kignoumbi en profitera pour renforcer les maillons de sa Chaîne en usant au besoin de la même parole haute. Pour lui comme pour ses adversaires ou contradicteurs, les arguments pour engager les hostilités sont à portée de main. Mais ces « hostilités », on les voudra pacifiques jusqu'au bout.

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