Chaque 31 décembre est devenu le jour de la proclamation des résultats pour le secteur de la musique avec les concours du disque de l'année, surtout pour la catégorie locale. Si Les Zilwa est plébiscité sur quatre chaînes et The Prophecy sur une autre, les grandes gagnantes restent les radios. Elles se font des profits pendant que les artistes célèbrent cette gloire éphémère à coups de pétards. Les ayants droit de ces chansons sont perdants sur toute la ligne.
Et c'est là, qu'il y a matière à débattre ! Alors, qu'on ne se trompe pas de cible en nous tirant des balles dans le pied. Le style, le tempo, la thématique sont secondaires ; on parle ici de revenus sur l'exploitation d'une oeuvre. Depuis plus de dix ans, avec l'ouverture des ondes aux radios privées, le concours du disque de l'année permet aux opérateurs téléphoniques et aux radios de faire du profit sur les oeuvres des éditeurs, sans aucune consultation ou implication des ayants droit.
Dans le cas présent, ce concours, qui comprend une action commerciale directe, avec un tarif supérieur pour les SMS et des partenaires-sponsors privés avec des cadeaux aux auditeurs, exploitent ouvertement les ayants droit de chaque titre. Le silence de ces derniers peut paraître complice. Qui ne dit mot consent. Ce système perdure car les éditeurs ne font pas bloc face à cette exploitation, car bon nombre préfèrent cultiver une relation cordiale avec les radios pour avoir une diffusion constante sur l'année.
Et le concours devient une faveur, un retour d'ascenseur. On est dans un modèle d'amateurisme qui entrave les actions vers la professionnalisation de cette industrie. Dans cet élan de changement qui survole notre pays depuis le 11 novembre 2024, il est temps qu'on remette en question le fonctionnement de ce concours et d'en tirer les leçons. Et ceci, pour ensuite réfléchir à comment arriver à une win-win situation pour toutes les parties concernées.
Il y a plusieurs avenues où s'aventurer pour définir un schéma progressif afin que les artistes et les éditeurs soient gagnants dans ce processus. Les grandes lignes à explorer : un concours disque de l'année universel. Une seule liste de chansons pour toutes les radios. Un système de vote centralisé. Plusieurs catégories pour les oeuvres locales. Des cash prizes pour les trois premiers gagnants dans chaque catégorie. Des contrats de prestations avec les radios locales. Des espaces d'antenne pour les événements des lauréats sur les radios.
Enfin, la participation des gagnants aux célébrations nationales - l'indépendance, Festival Internasional Kreol... Que le grand gagnant (dans chaque catégorie) soit l'ambassadeur de la musique de Maurice pendant un an. Soutenu par l'État (ministère des Arts et de la culture, ministère du Tourisme) et le privé, il fera la promotion de notre île par la biais de sa musique.
Que ce concours soit l'occasion où les radios, les opérateurs téléphoniques et les artistes (ayants droit), travaillent ensemble pour récolter le fruit de cette collaboration de manière juste et équitable. Cette action serait une forte contribution à la construction d'une industrie musicale which means business. Dans le jardin des notes et des accords, chacun trouvera son style, son rythme pour en faire sa playlist de 2025. À chacun sa chanson, son artiste de l'année. On est libre de nos choix. Dans le cadre d'un concours, c'est une autre musique. Là où les pièces de monnaie résonnent, il faut que ça sonne juste dans nos portefeuilles !