Cameroun: Elimbi Lobé critique Biya et le système politique camerounais sur vision4

5 Janvier 2025
opinion

Lors de son passage dans l'émission Club d'Élites sur Vision4, le journaliste et analyste politique Elimbi Lobé a livré une critique acerbe du système politique camerounais, visant directement le président Paul Biya et son parti, le RDPC. Ses déclarations, sans détour, ont relancé le débat sur la gouvernance, la succession et les enjeux politiques au Cameroun.

Un message direct à Paul Biya

Elimbi Lobé a adressé un message direct au président Paul Biya, comparant son discours à celui des évêques qui ont récemment interpellé le chef de l'État. « Papa, moi je te parle comme les évêques t'ont parlé », a-t-il déclaré, appelant à une transition respectueuse et à la préservation de l'héritage des anciens présidents.

Il a également mis en garde contre un scénario similaire à celui de 1982, lorsque Ahmadou Ahidjo a quitté le pouvoir dans des conditions controversées. « S'il advenait que tu disparaisses, je fais partie des gens qui auraient voulu que ce qui est arrivé à Ahidjo n'arrive plus jamais », a-t-il ajouté, soulignant l'importance d'une culture de respect et de conservation des anciens dirigeants.

Les enjeux de la succession

Elimbi Lobé a critiqué les membres du RDPC, qu'il accuse de s'accrocher au pouvoir par peur de perdre leurs privilèges. « Ils sont convaincus que si, à l'intérieur même du RDPC, quelqu'un d'autre advenait à être investi et gagnait les élections, ce sera leur fin de vie », a-t-il affirmé.

Selon lui, cette peur explique leur soutien indéfectible à Paul Biya, malgré les échecs du régime. « C'est avec eux que le président fait le constat de son propre échec », a-t-il déclaré, pointant du doigt l'absence de renouvellement au sein du parti au pouvoir.

Les lacunes du système électoral

L'analyste politique a également dénoncé les failles du système électoral camerounais, soulignant que même une personne mentalement inapte peut se porter candidate à la présidentielle. « Au Cameroun, même si tu es malade mental, tu peux être candidat à l'élection présidentielle », a-t-il ironisé.

Il a appelé à l'introduction du bon sens dans le processus électoral, en plus des critères légaux. « Le bon sens voudrait que les citoyens disent qu'on ne peut pas avoir un tel candidat », a-t-il insisté, critiquant l'absence de filtres pour garantir la compétence et la santé mentale des candidats.

La manipulation des croyances

Dans une autre intervention sur Bnews1, Jean-Baptiste Atemengue a abordé le rôle de l'Église dans la manipulation des croyances et des passions politiques. « L'Église manipule les croyances et les passions. Je pense qu'il faut être très méfiant », a-t-il déclaré, mettant en garde contre l'instrumentalisation de la religion à des fins politiques.

Ces propos rejoignent les critiques d'Elimbi Lobé sur la nécessité d'une vigilance accrue face aux discours manipulateurs, qu'ils viennent des institutions religieuses ou politiques.

Les réactions de l'opinion publique

Les déclarations d'Elimbi Lobé ont suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, où les internautes ont salué son courage et sa lucidité. Les hashtags #ElimbiLobé et #ClubDÉlites ont rapidement trendé, rassemblant des milliers de commentaires et de débats sur l'avenir politique du Cameroun.

Pour beaucoup, ces interventions mettent en lumière les dysfonctionnements du système politique et la nécessité d'une réforme en profondeur.

Les analyses d'Elimbi Lobé et de Jean-Baptiste Atemengue offrent un regard critique sur la situation politique au Cameroun. Leurs déclarations, sans concession, soulignent les défis liés à la succession, aux élections et à la manipulation des croyances.

Alors que le pays s'approche de la présidentielle de 2025, ces voix rappellent l'importance de la transparence, du bon sens et du renouvellement politique pour garantir un avenir meilleur aux Camerounais.

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